Nous avons souvent tendance, comme le personnage de la petite BD à droite, à faire les choses à contre-coeur, jamais contents de l’instant présent.
Alors qu’on travaille, on brûle d’envie d’aller faire un petit footing dehors et on regrette les dernières vacances. On peut aussi être tourmenté par de mauvais souvenirs ou bien redouter le prochain entretien d’évaluation. Comme si ce n’était que dans certains moments plaisants que nous sommes vraiment concentrés sur le présent et satisfaits de ce qu’on est en train de vivre.
Dans cet article, je vous propose de redécouvrir le bonheur de vivre l’instant présent grâce à trois clés : voir la vie comme un miracle, le détachement et la conscience du temps qui passe.
La vie est un miracle
Pour moi, l’un des moments où je suis le plus heureux de vivre chaque instant qui passe est lorsque je sors d’une crise d’Algie faciale. Cette maladie provoque en moi des séries de maux de tête très douloureux (une douleur à se frapper la tête contre le mur). Vous comprendrez donc qu’après une crise, le répit qui m’est donné est une vrai délivrance. C’est comme une grande bouffée d’air pur après avoir vécu dans un bocal d’air vicié : je me sens léger et tout heureux.
Le fait est que nous oublions trop souvent la chance que nous avons d’être en bonne santé, pleinement valides. A force, on est tellement habitués qu’on se dit que ça durera éternellement. Jusqu’au jour où la maladie nous rappelle à l’ordre. On regrette alors de n’avoir pas su apprécier à sa juste valeur le moment présent.
Lorsqu’on a la chance de survivre à une maladie grave, la frayeur qui s’en dégage est souvent un déclic. C’est ainsi que ceux qui ont vaincu le cancer tel que Lance Armstrong arrivent plus facilement à se motiver pour réaliser leurs rêves que les autres. Dernièrement, j’ai été épaté par son come back sur le tour de France en 2009. Imaginez quelle volonté il lui a fallut pour revenir au meilleur de sa forme après être parti à la retraite! Je crois que ce genre de performance est la marque de ceux qui apprécient la vie à sa juste valeur.
Cette gratitude pour la vie, nous devrions tous en être imprégnés. Ce n’est pas seulement s’émerveiller de la vie qui coule dans nos veines, mais aussi redécouvrir le bonheur de voir la vie des autres se dérouler devant nous. En somme, nous devons prendre conscience que rien n’est acquis en ce monde. Profitons de la beauté qui s’ouvre à nos yeux tant que cela dure!
Le détachement
Je me rappelle souvent de mes jeunes années où l’internet était encore inaccessible au grand public. La source de savoir et de divertissement la plus populaire était alors la télévision. Mais le problème avec la télévision, c’est qu’on doit être là au bon moment pour profiter des meilleurs programmes. Alors il y avait le magnétoscope, et avec le temps j’y étais devenu complètement accroc.
Celui-ci était une grande source de tracas, car lorsque j’enregistrais une émission, il y avait toujours cette appréhension : Et s’il y avait une coupure d’électricité? Et si quelqu’un enlevait la cassette du magnétoscope (malgré que j’ai saoulé tout le monde pour que personne n’y touche… :p )? Bref, j’étais trop attaché à mes émissions pour vivre l’instant présent. J’avais l’impression que ces opportunités de voir de belles choses et d’apprendre étaient unique. J’avais une mentalité de crève la faim vis-à-vis de mes émissions préférées. Et vous savez quoi? Aujourd’hui je n’ai plus la télévision chez moi, une bonne preuve que je pouvais vivre sans!
On se fait souvent piéger par cette soif de possessions, qui finissent toujours elles-mêmes par nous posséder. Lorsqu’on se crée des besoins, ils commencent bientôt à nous asservir et on se met à organiser notre vie en fonction d’objets. Le pire exemple, c’est sans doute l’emprise des “drogues” sur notre esprit. On finit par en devenir physiquement dépendant au point d’être profondément malheureux quand on en manque.
Face au matérialisme, il est bon de se rappeler parfois ce proverbe : “la vraie valeur d’un homme se mesure lorsqu’il a tout perdu”.
Le temps nous est compté
Une des personnalités les plus inspirantes que je connaisse est sans doute celle du pianiste de jazz Michel Petrucciani. Atteint à la naissance d’une grave maladie osseuse, il sait qu’il est condamné mais il surmonte pourtant son handicap par le piano. Il travaille 9 heures par jour et parvient à atteindre une technique de jeu impressionnante.
Les gens qui l’ont côtoyé le décrivent comme un homme généreux, prêt à s’enflammer à tout moment, une boule d’énergie et d’humour tout à la fois. Michel savait que ses jours étaient comptés. Il ne perdait pas de temps. Son rêve aura été tout simplement de jouer de mieux en mieux tout au long de sa vie, jusqu’à ce que la maladie ne l’emporte à l’âge de 35 ans.
Et si nous pensions comme Michel Petrucciani, que le temps nous est compté et que nous n’avons plus que quelques années pour réaliser nos rêves? Vous imaginez quel moteur ce serait pour notre développement personnel?
Michel voyait certainement la vie comme un défi, un combat qu’il devait mener pour être digne de la vie trop courte qu’on lui a offerte. C’était presque une affaire de survie. En comparaison, nous voyons trop souvent la vie comme un club de vacances. Nous prenons notre survie comme acquise et nous agissons avec mollesse, alors que nous devrions la voir comme le grand challenge de réaliser notre potentiel et de léguer un héritage à l’humanité, comme l’a fait Michel avec sa musique.
Le temps ne se rattrape pas, alors utilisons-le à sa juste valeur. Prenons conscience que gaspiller une journée, c’est comme déchirer la dernière page de notre vie.
Merci pour cet article.
L’image est géniale ! Où l’as-tu trouvée ? 🙂
Merci pour ce témoignage rafraichissant, sincère et authentique.
Non seulement Michel savait vivre le moment présent grâce ou à cause de sa maladie, mais il avait aussi cette saine philosophie et se désire de jouer du piano avec le moins de notes possible. Moi qui suis loin de l’univers conceptuel de la musique, bien que j’en consomme beaucoup, je trouve cette attitude économe encore plus révélatrice de la personne, un peu comme dans la pratique du zen.
Au plaisir.
Germain.
Merci pour ce bel article !
Les exemples servent souvent à nous réveiller face à notre dépendance matérialiste. Tu as parlé de Michel Petrucciani et tu as bien raison.
Pour ceux qui auraient besoin d’un exemple un peu plus direct et récent, regardez cette vidéo de Gabrielle Bouliane (en anglais) sur YouTube et écoutez bien sa “poetry-slam”. Lisez sa bio sur la droite. Ça vous fait instantanément changer de perspective.
Lien : http://www.youtube.com/watch?v=gePQuE-7s8c
@Olivier : j’ai trouvé l’image originale sur
http://www.linternaute.com/humour/magazine/photo/cartoons-du-new-yorker-les-inedits/fantasmes.shtml
Merci pour vos commentaires encourageant!
@Niko, Olivier : bien trouvé, en fait à l’origine j’ai trouvé cette image par l’intermédiaire de la présentation vidéo de Barry Schwartz du livre “the paradox of choice : why more is less”, cette vidéo apparaît sur l’article de Michael : TEDx Paris, retours sur la première édition Française
@Germain : c’est vrai que Michel n’utilise que peu d’accords (musique verticale), mais alors les notes s’enchaînent à une vitesse folle!
@Jean-Philippe: très inspirante cette vidéo, merci beaucoup! Ca illustre parfaitement le message que je voulais passer à travers cet article.
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Immense la seconde après la douleur ! (Aragon ou Eluard…)- Quand on a une santé déficiente les lendemains de crise ressemblent à une ivresse de Noël – malheureusement il faut souvent une force de caractère hors du commun pour s’autoriser à vivre comme si on allait mourir demain – J’ai vu il y a peu le film “sans plus attendre” (Jack Nicchloson, Morgan Freyman) et le conseille à tous ceux qui ne veulent plus perdre de temps à vivre à minima –
Amitiés,
LUCIE
@Lucie : merci pour ton commmentaire. C’est marrant, j’ai vu ce film il y a à peine quelques semaines. J’ai adoré le fou rire du café, qui m’a fait moi-même beaucoup rire! C’est très inspirant en tout cas. Ca fait froid dans le dos aussi… Heureusement que le personnage de Morgan Freeman a pu savoir pour combien de temps il avait encore à vivre.
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bel article plein de profondeur et de densité humaine
merci Alexandre 🙂
“Lorsqu’on se crée des besoins, ils commencent bientôt à nous asservir”. C’est tout à fait moi, toujours en quete de quelque chose à acheter.
Je joue aussi d’un instrument de musique, je m’efforce de jouer chaque jour même quand je n’en ai pas envie, de peur de rater une séance d’entrainement. Ca bouffe la vie et on est véritablement asservie par ces objets.