Des siècles après l’écriture de la fable "Le lièvre et la tortue", la dualité entre vitesse et lenteur fait toujours couler autant d’encre.
Traditionnellement, il y a toujours eu deux approches pour traiter de développement personnel : les donneurs de coup de pied au cul, et les donneurs de réconfort.
Soit on vous dit que vous devriez vous grouiller si vous voulez obtenir ce que vous voulez dans la vie, soit que vous êtes très bien comme vous êtes, et que vous devez vous accepter ainsi.
Certains affichent même cela comme leur insigne personnelle : par exemple le célèbre blogueur Léo Babauta brandissait encore récemment le slogan "go slowly", là où d’autres préconisent plutôt de "réaliser ses rêves" avant de mourir.
Pour autant, devez-vous être obnubilé par l’idée de vous presser ou de ralentir ?
Je dirais plutôt que les deux approches sont complémentaires.
Voilà pourquoi je vous propose d’explorer 7 raisons pour lesquelles vous ne devriez pas faire un choix définitif entre vitesse et lenteur…
1) Vous n’êtes ni un légume, ni un robot
Si l’on commence tout d’abord par observer notre corps, on se rends vite compte que nous sommes naturellement conçus pour l’action puisque nos muscles s’atrophient rapidement si nous ne les utilisons pas.
Cela est flagrant chez les astronautes, qui perdent une partie de leur masse musculaire durant leurs missions dans l’espace, car leurs muscles n’ont plus besoin d’agir constamment contre la pesanteur.
L’exercice physique est donc crucial pour notre bien être.
Pour autant, nous prenons souvent notre corps pour une machine que nous pouvons malmener à souhait.
C’est ainsi que nous engouffrons à la hâte des bouchées de nourriture à moitié mâchées, ou que nous veillons tard le soir pour finir un travail urgent, ou encore que l’on se dope au redbull pour tenir la cadence.
Bref nous en demandons souvent trop à notre corps. Nous ne commençons à ralentir que lorsque la machine s’enraye, c’est à dire quand il est déjà trop tard.
Veillons donc plutôt à suivre le rythme naturel de notre corps pour ne pas l’user précocement, en évitant aussi bien la sédentarité que le surmenage.
2) Comme dans un bon film, les moments d’apaisement doivent alterner avec les moments de tension
Je parie que vous connaissez dans votre entourage des gens qui se plaignent sans cesse parce qu’ils voudraient se débarrasser une fois pour toutes de tous leurs problèmes, sans se douter que c’est une part de leur richesse.
Vous connaissez aussi ces parisiens qui voudraient enfin mettre un terme à leur vie citadine agitée pour aller ce caser dans un endroit calme et paisible.
Le tableau est prévisible : on les voit bien s’installer dans une petite maison de campagne reculée en Auvergne, puis regretter au bout de quelques jours tous les évènements qu’ils avaient l’habitude de suivre dans la capitale.
Une histoire où il ne se passe rien est aussi ennuyeuse à regarder ou à vivre qu’une histoire qui va trop vite.
Sachons donc doser les pauses et les défis qui parsèment notre vie.
3) Pourquoi attribuer une connotation positive ou négative à une allure ?
Pensez-vous que la vitesse est synonyme de stress, et donc mauvaise pour votre santé ? Pensez-vous que la lenteur est synonyme de zénitude, et donc bonne pour votre bien-être ?
Détrompez-vous, car chacune de ces allures possède sa version positive et sa version négative.
C’est ainsi que l’eu-stress désigne cette tension positive qui vous anime lorsque vous êtes enthousiaste et prêt à déplacer des montagnes.
Tandis que la déprime désigne le côté obscur du calme, un calme insupportable qui nous fait plonger dans un tourbillon de mal-être.
4) Inspirons-nous du fonctionnent de notre cerveau
Après des milliers (millions?) d’années d’évolution, notre cerveau a eu le temps de prendre la meilleure configuration pour que nous puissions réaliser de grands prodiges.
C’est ainsi que la partie primitive et centrale de notre cerveau gouverne nos émotions, nos habitudes et tout ce qui n’a pas besoin de notre conscience pour fonctionner, comme le battement de notre cœur et notre respiration.
Alors que la partie périphérique est le siège de la raison, qui a son droit de véto sur nos émotions et nos comportements instinctifs.
Le premier circuit de pensée est très rapide, alors que l’autre est beaucoup plus lent.
Pourquoi donc ne pas nous en inspirer pour décider quelle allure nous devons adopter :
Tantôt rapide si vous planchez sur un problème routinier, ou lent pour évaluer les impacts d’une problématique potentiellement dangereuse.
5) Tout est relatif
Si vous aimez les citations, avez-vous remarqué que l’on trouve toujours tout et son contraire dans ces petits fragments de sagesse ?
Chaque citation a été prononcée dans un certain contexte. En dehors de ce cadre, elle peut devenir fausse ou en tout cas sévèrement déformée.
Par exemple prenons la citation de Ghandi : “Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde”. Maintenant, imaginez-la prononcée par une adepte de la chirurgie esthétique, comme la pulpeuse Lolo Ferrari 😉
Pour en revenir à nos moutons, vous aurez compris que la lenteur ou la rapidité dépends du contexte dans lequel on l’applique.
S’il est vrai qu’il est bon de ralentir dans le cas d’une vie trop agitée, nul doute que les plus fervents défenseurs de la lenteur prendront leurs jambes à leur coup en cas d’incendie, ou s’ils sont poursuivis par un lion !
Sachons donc adopter l’allure qui convient selon la situation qui se présente à nous.
6) Ajustez vitesse et lenteur pour créer votre tension créative optimale
Comme nous l’apprends Mihály Csíkszentmihályi dans son livre sur l’état de flow, notre niveau de concentration optimal est atteint lorsque ce que nous faisons est équilibré avec ce que nous sommes capables de faire.
Autrement dit, si vous êtes submergé par votre tâche car trop pressé à cause d’une limite de temps serrée, ou d’autres contraintes aliénantes, vous ne serez pas performant.
De même, si les choses vont trop lentement par rapport à ce que vous êtes capables de faire, vous allez beaucoup vous ennuyer.
Veillez donc à ajuster vos tâches et votre système d’organisation pour qu’ils apportent juste la bonne quantité de tension créative dans votre vie pour agir efficacement.
7) Votre succès ne dépends pas de votre allure mais plutôt de votre régularité
Si vous avez déjà pratiqué la course à pied, vous devez vous souvenir à quel point il est important de commencer à un rythme modéré pour tenir sur de longues distances.
Pourtant, l’impatience nous dicte souvent le contraire. Et l’on se retrouve tout d’un coup essoufflé, incapable de faire un pas de plus. C’est d’ailleurs bien embarrassant lorsqu’on se fait rattraper par ceux qu’on avait dépassés 😛
Eh bien c’est un peu la même chose pour les projets. Il y a toujours une phase d’euphorie au lancement du projet, qui fait place bientôt à une véritable traversée du désert.
Au lieu d’épuiser toutes nos cartouches au début, mieux vaut donc se ménager un rythme de travail modéré et régulier, agrémenté de pauses stratégiques pour éviter un abandon suite à une surchauffe.
Crédit photo : Image Source IS2 – Fotolia.com
Bonjour c’est Dimitri du blog Des Techniques Pour Trouver Le Bonheur.
Pas mal ton petit article, en réalité ce que tu explique et que j’approuve c’est exactement le concept de l’équilibre, la voie du tao, le yin et le yang, le féminin et le masculin, la lenteur, la rapidité, la force et la faiblesse… Chaque extrême sera négatif pour qui ou quoi que ce soit…
C’est pour ça que l’on dis que dans la vie il faut être équilibré. À partir du moment où il y a un déséquilibre entre ces deux concepts, il y a une tension qui cherche à faire basculer la donne de l’autre côté (cf. la parisienne qui rêve de campagne puis au bout d’une semaine elle veut à tout prix retrouver sa population stressé et active yang !)
C’éclair ! (rire !)
Juste une question: est qu’il y a une traduction française de Mike sur l’état de flow? Je suis attentivement tout ces travaux… Et justement, il faut que je m’y flow à l’intérieur de manière équilibré !!! 🙂
Merci A+ Dimitri
Bonjour Alexandre, l’important est de trouver son propre rythme de fonctionnement qui nous convient parfaitement.
Comme tu le dis, il faut faire des ajustements, jours après jours pour trouver le bon réglage.
zenie
Bonjour zenie,
oui tu as tout compris, c’est chaque jour, chaque instant qu’il est profitable de trouver le bon équilibre… La bonne vitesse entre se presser et être trop mou 🙂
Dimitri
Bonjour C’éclair,
Je suis ravi de vos inspirations ou expériences appelez-les comme vous voudrez.
Ajuster la lenteur et la vitesse est un idéal mais comment y arriver avec nos pulsions, ce monde de siècle et cette servitude où le patron vous impose un travail dans un délai impératif imparti. C’est bon pour ceux qui travaillent à leur propre compte.
A bientôt!
Non je ne suis pas sûre que ce soit bon pour ce qui travail à leurs propre compte … Car ceux qui travail à leurs propre compte et qui se la coule douce, c’est souvent ceux qui flanche et qui justement doivent retravailler pour un patron…
Mais même dans l’extrême vitesse il y a une possibilité de se voir ralentir… Au mois un peu afin d’avoir les idées plus clair…
Par contre non ceux qui sont à leurs compte, j’en connais qui sont des acharnés du travail… Ce ne sont pas des fonctionnaires bien que je n’ai rien contre les fonctionnaire .
Dimitri
Bonjour Alexandre
Tout est relatif, en effet.
Quand quelque chose nous passionne, on aura naturellement tendance à avancer plus vite alors qu’on trainera des pieds si ça ne nous plait pas.
Mais finalement la meilleur allure n’est-elle pas celle qu’on choisit ?
Mode agressif ou mode durable ? 🙂
On en est pas loin..
Qu’on soit lent ou rapide, l’important est de prendre le plus de plaisir dans ce que l’on fait.
Comme dit thiagi : il faut réconcilier les paradoxes :
– un coup de pied au C** de temps en temps aux tortues
– prendre le temps de faire une pause pour les lièvres
Bonsoir M. DIMITRI,
Ne dit-on pas? “Qui va lentement va sûrement” c’est bon quelquefois de laisser le dernier mot au cerveau primitif.
A chacun revient le réglage de son rythme.
Merci de ces échanges.
@Dimitri : yes ! Effectivement l’équilibre est important, mais je dirais plus encore la notion d’équilibre dynamique, qui varie donc dans le temps 🙂
Apparemment le seul livre en français de Mihaly est celui-ci : La créativité
@zenie : eh oui l’approche des essais et des erreurs, sauf que parfois il nous faut aussi une petite aide extérieure pour en prendre conscience
@Daniel : ah ça ce n’est pas évident. Il faut aussi que l’environnement dans lequel nous évoluons soit propice au “flow”. Heureusement, aujourd’hui les employeurs savent qu’ils ne sont plus “propriétaires” de leurs employés, car ils ont le choix. Je pense donc qu’il est important d’imposer son rythme personnel. Et si ce n’est pas possible, eh bien une autre entreprise fera probablement mieux l’affaire.
Bien sûr je sais bien que tout le monde n’est pas libre de changer de poste comme il l’entends, mais à mon avis c’est l’idéal.
@Jérôme : tiens, ça rejoint un peu ma réponse à Daniel. Bref, je crois aussi qu’il faut savoir “négocier” son rythme de travail, bien entendu dans l’intérêt des deux partis
@Pierre : lol c’est vrai, je n’avais pas fait le rapprochement
Aaaah, pile l’article qu’il me fallait ! Je me demande souvent si je dois me dépêcher, si je n’ai pas déjà pris du retard dans ma vie (à seulement 20 ans, si c’est pas triste !). De l’autre, je me dis “ah vouloir aller trop vite, je ne vais profiter de rien et en plus, je risque de craquer et de tout rater donc autant y aller en douceur”.
En fait, la bonne allure, c’est la notre quand on le sent. Enfin, et selon le moment aussi. Parce que ya des fois où on voudrait aller doucement mais on doit se bouger (exemple : les révisions comme c’est le cas pour moi =/), et à l’inverse, des fois où on doit diminuer le rythme et pourtant on continue de forcer (comme quand on est blessé alors qu’on fait du sport. Ce que c’est rageant d’entendre le médecin dire “plus rien pendant X mois”, arg !)
Faut apprendre à doser. Comme dans tout. Je suppose que ça s’apprend avec l’expérience =).
Hello tout le monde,
Sympa, Alexandre, cet article.
J’aime bien la remarque que tu fais entre Ghandi et Lolo Ferrari: tout est relatif en effet, et dépend du contexte où c’est dit.:)
Pour moi choisir entre lenteur et rapidité, c’est comme choisir entre dormir et être éveillé ;): aucun n’est mieux ni moins bien, les deux sont utiles et nécessaires.
Je le vois comme une question d’ajustement: de quoi j’ai besoin et quand, par rapport à ce que je veux.
🙂
Bonjour Alexandre,
Il parait que la bonne taille pour un être humain, c’est quand les 2 pieds touchent parterre, pile …
De même, j’imagine que dans le sujet que tu abordes ici, il n’y a pas de règle : l’important est peut-être d’être en accord avec soi-même, et d’apporter la modification qui s’impose lorsque ce n’est plus le cas.
Et là il y a un vrai défit, car on a parfois tellement de bénéfices (secondaires) à rester dans une situation qui ne nous convient pas …
Olivier