Sortir du défaitisme avec la technique de l’animateur sportif

By | 18 février 2014

Vaincre le défaitisme avec la technique de l'animateur sportif

– Attention, cette fois c’est du sérieux ! Le voilà parti en trombe sous un ciel de plus en plus menaçant ! La pluie va se déverser d’un instant à l’autre. Plus que 600 mètres… va-t-il y arriver ?

– Oui tout à fait, il est à bout de souffle, mais il persévère. Alors que j’aperçois un véritable barrage de voitures qui risque bien de  le stopper net dans son élan… Mais non ! Pas du tout ! Le voilà qui double ! Incroyable : une voiture, deux voitures…quinze voitures. Ca va très très vite, j’ai du mal à compter…

– Et il arrive à l’entrée du Super U ! Il attache nerveusement son vélo ! Il court. Et c’est gagné ! Il l’a fait ! IL L’A FAIT ! Le voilà qui monte triomphalement les marches du Super U, à peine mouillé ! Quel panache ! Voilà comment éviter un orage dans les règles de l’art.

Vous vous demandez probablement à quoi rime cette mascarade 🙂
Cette  scène s’est passée il y a à peine deux semaines. Eh oui, j’ai bel et bien évité un orage de justesse grâce à un joli sprint à vélo.

Mais qui s’est donc chargé de la couverture médiatique ? Je vous explique ça tout de suite dans ce article…

Métacognition

Le pourquoi du comment de cette petite prouesse se résume en un seul mot : métacognition. Qu’est-ce que ce mot bizarre ? Remarquez qu’il est formé par le préfixe Méta (qui veut dire : "sur" ou "au sujet de" en grec), et la racine "cognition" qui est le fait de penser. Bref : il s’agit tout bonnement de penser à ce qu’on est en train de penser.

Vous devez comprendre maintenant mon tour de passe-passe :  j’ai tout simplement commenté mentalement ce qui m’arrivait pendant que j’étais sur mon vélo. J’étais à la fois le coureur cycliste et l’animateur sportif !

Alors ne vous inquiétez pas, je n’ai aucun problème de dédoublement de personnalité. En vérité, je n’ai fait que rendre plus explicite ce qui se passe dans la tête du commun des mortels. Car nous commentons tous sans cesse nos faits et gestes, comme ça, sans vraiment nous en rendre compte.

On connaît le phénomène depuis longtemps. D’après Confucius, c’est même l’une des bases de l’apprentissage :
"Veux-tu que je t’enseigne le moyen d’arriver à la connaissance ?
Ce qu’on sait, savoir qu’on le sait. Ce qu’on ne sait pas, savoir qu’on ne le sait pas : c’est savoir véritablement."

Mais alors qu’est-ce qu’un animateur sportif pourrait bien nous apprendre ?

Gollum et Sméagol

Pour le savoir, prenons un cas extrême : le personnage de Gollum dans le film "Le seigneur des anneaux". Au cas où vous ne connaîtriez pas le film, Sméagol était un semi-homme honnête et aimable. Chaque matin, il allait pêcher en barque avec son ami Déagol.

Cependant, un jour, alors que Déagol remonta un anneau en or du fond de la rivière, tout bascula. Sméagol tua son partenaire pour garder l’anneau rien que pour lui. En réalité, c’était un anneau maléfique. Cet anneau bouleversa complètement la personnalité de Sméagol, qui devint un personnage hideux et mauvais, appelé Gollum.

La face gentille, Sméagol, était toujours là. Mais Gollum avait pris l’ascendant et empêchait Sméagol de revenir à la surface, un peu comme la brute de service à l’école qui tyrannise ses voisins de classe.

En développement personnel, on parle souvent d’un "saboteur intérieur" auquel chacun est confronté. Vous savez : cette petite voix défaitiste qui nous dit : "tu est nul", "tu n’y arrivera pas", "laisse tomber". Il existe même un livre sur le sujet, intitulé : Apprivoisez votre gremlin.

Alors imaginez que ce soit Gollum qui ait décrit le sprint final que je citais tout à l’heure ? Ca aurait peut-être donné :  "Et voilà, tu vas encore te prendre la sauce ! Le super U ? N’y pense même pas. Regarde comment tu te traînes ! Non sérieux, faut vraiment être idiot pour sortir en vélo avec tous ces nuages gris."

A cause de ce saboteur intérieur, nous hésitons, nous nous laissons envahir par les doutes, et nous jetons l’éponge. On se sent impuissant face aux évènements qui nous arrivent, et on finit par croire que nous sommes réellement des incapables.

La technique de l’animateur sportif

Vous avez deviné maintenant où je veux en venir : la technique que je veux vous enseigner aujourd’hui consiste simplement à remplacer le discours défaitiste du saboteur intérieur par la narration enflammée d’un animateur sportif.

Les animateurs sportifs ont une qualité : ils savent provoquer l’enthousiasme. C’est leur boulot. Ils sont là pour attiser le suspense et scotcher littéralement le spectateur à son petit écran.

On se souvient tous des fameux commentateurs de football brésiliens, criant "Goaaaaaaaal !" pendant une bonne minute quand un but est marqué. Quoi de mieux pour fêter un grand achèvement !

Les animateurs sportifs sont rarement défaitistes. Leur intérêt est que le spectacle continue. S’il y a un accident, on évalue les dégâts mais on ne s’appesantit pas sur la situation : on répare et on redémarre de plus belle.

Alors pourquoi ne pas s’inspirer de cette attitude ?

Comment s’y prendre ?

Pour appliquer cette technique, on pourrait par exemple noter quelques expressions utilisées par les animateurs sportifs, comme par exemple :

  • … est en très bonne voie
  • 4 minutes de temps additionnel : faut tenir les gars !
  • Ca relance complètent le jeu !
  • Enorme occasion pour … !
  • Déjà une belle percée pour …
  • Accélération de …
  • Regardez cette attaque, c’est incroyable !  …

Bien entendu, il ne s’agit pas de se stresser à longueur de journée en essayant de provoquer du suspense sur des choses triviales. Par exemple, vous n’avez sans doute aucun problème pour faire chaque jour le trajet en voiture jusqu’à votre bureau.

Par contre, il vous faudra un peu plus de courage pour traiter un tas informe de paperasse accumulée pendant plusieurs mois, ou encore pour plancher sur une dissertation philosophique !

Il s’agit alors de tourner votre effort en un véritable spectacle personnel, en ajoutant un peu de piment :

  • Des contraintes de temps
  • Des obstacles qui vous narguent de l’oeil et que vous surmontez un à un
  • Des moments d’accélération ou de ralentissement
  • etc.

Et bien sûr, prendre soin d’apprécier chacun des progrès réalisés lors de l’évènement !

Je vous invite donc à essayer cette technique, ou en tout cas d’en adopter l’état d’esprit. Vous verrez que dans les moments difficiles, elle vous sera utile pour soutenir votre détermination.

La semaine prochaine, nous parlerons d’une nouvelle habitude à adopter pour mieux s’organiser…

Crédit photo : Minerva Studio

Author: Alexandre Philippe

Alexandre Philippe est le fondateur du blog C'éclair. Constamment en quête de nouvelles méthodes d'organisation, de motivation et d'apprentissage, il délivre ses éclairs d'efficacité chaque semaine sur ce blog.

5 thoughts on “Sortir du défaitisme avec la technique de l’animateur sportif

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  2. france

    bonjour, j’ai trouve ton article sympa. merci
    on parle toujours du sabotage intérieur..perso ça ne fonctionne pas comme ça..j’ai une voix séductrice et aimable a l’intérieur de moi qui m’incite a la paresse, au farniente ou aux bons moments….je la trouve très sympa et je l’écoute volontiers. elle me séduit…

  3. Alexandre Philippe Post author

    Hello france, merci pour ton retour, ça apporte un petit débat bien venu 🙂

    Pour te donner une meilleure idée de l’utilité de la technique telle que je la conçois :

    Imagine qu’on te demande de te donner une note sur des trucs comme la qualité de ta conduite par beau temps lorsque tu pars au travail, ou je sais pas, ta manière de faire du vélo quand tu te ballade le week-end. D’après les sondages, 80% des gens se notent plus haut que la moyenne, donc ça risque d’être ton cas. Dans ce cas, tu peux te dire que ta voix intérieur est plutôt cool.

    Par contre, si on te demande de te noter par exemple en train de conduire en temps de pluie ou sur du verglas, la tendance est inverse, 80% des gens vont dire qu’ils sont moins bons que la moyenne, parce que le niveau est plus haut. C’est nettement moins facile de conduire sur du verglas.

    L’idée, c’est que dans ces moments difficiles, on se sent plus vulnérable. Et ont tendance à se rabaisser. Et c’est dans ces cas précis que l’on peut utiliser des exercices comme la technique que j’ai évoquée pour prendre courage et avoir plus de détermination en imaginant l’épreuve comme quelque chose de certes difficile, mais surmontable et bénéfique pour son développement perso.

    Tu vois où je veux en venir ?

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