Après la loi du Talion progressiste, voici enfin la troisième et dernière partie de notre série sur les vertus de la répétition. Cette fois-ci nous allons voir comment la répétition peut nous aider à prioriser notre travail quotidien.
Prioriser consiste à déterminer quelles sont les prochaines tâches que nous devons accomplir. Pour cela, nous sommes amenés à les placer dans deux catégories : celles qui sont urgentes et celles qui sont importantes mais à plus long terme. On doit alors veiller à traiter les tâches urgentes au plus vite sans perdre de vue qu’il faut réserver aussi du temps pour les tâches importantes à long terme, puisqu’on ne peut pas se permettre de garder le nez dans le guidon sans penser au développement futur de l’entreprise.
Cependant, malgré nos efforts pour compartimenter d’un côté les tâches urgentes et de l’autre les tâches importantes, nous sommes souvent la proie de nos émotions et notre anxiété peut altérer l’efficacité de notre jugement. Notre entourage peut dans ce cas nous prêter main forte. Cette notion a été appelée priorisation darwinienne par l’auteur du livre Making Ideas Happen. On l’appelle ainsi car elle fonctionne de la même manière que la sélection naturelle : plus on entends parler d’une tâche et plus on a de chance de s’y concentrer. Il s’agit donc de tanner régulièrement quelqu’un pour qu’il fasse quelque chose.
La priorisation darwinienne est utilisée dans de nombreuses sociétés comme une force où la pression des autres nous aide à diriger notre énergie sur les tâches les plus pertinentes. Les membres des équipes sont encouragés par exemple à rappeler à leurs voisins l’imminence d’une réunion ou l’échéance d’une date. Grâce à un environnement de travail en bureaux ouverts, on s’avance au dessus de la cloison pour avertir le voisin. Tout comme on peut utiliser de façon plus classique la messagerie instantanée ou le téléphone voip.
Evidemment, il s’agit toujours de signaler les points les plus bloquants/stratégiques, et cela implique une certaine responsabilité. On ne veut pas interrompre constamment l’élan de nos collègues dans leur labeur, ce serait totalement improductif. Dans la société où je travaille, les utilisateurs du logiciel que je conçois saisissent habituellement les bugs qu’ils remarquent dans un système de tickets. Mais je peux être sûr que si un bug gêne gravement la production, on va m’avertir régulièrement du problème et de façon plus directe qu’un simple message électronique 🙂
Répéter à outrance est certes un puissant moyen de faire bouger les choses, il peut aussi devenir sérieusement agaçant. La pratique devra donc être utilisée avec subtilité. Par exemple on peut utiliser une pointe d’humour pour faire passer le message. Cette prise de conscience du rôle des rappels judicieux est certainement facilitée lorsqu’elle fait partie intégrante du style de management de l’entreprise, où les chefs apprécient également qu’on leur rappelle leurs propres tâches.
En dehors de l’entreprise, nous avons également intérêt à utiliser la force des rappels bien placés lorsque l’avancement d’un projet dépends des autres. C’est ce que j’ai l’habitude de faire avec mon mécanicien. Comme il est plutôt compétent, il ne manque pas de clients. Et je sais que si je lui amène ma voiture, je devrai l’appeler très régulièrement pour demander l’avancement de la réparation. Autrement il s’imagine que ça peut attendre et il s’occupe des autres. Si j’ai trop besoin de la voiture, le mieux est encore d’aller le voir de temps en temps de façon à avoir plus d’impact. C’est ainsi que je peux améliorer ma visibilité dans sa liste de priorités.
Conclusion
Beaucoup de méthodes de productivité ont l’habitude de fustiger les interruptions qui s’immiscent dans notre travail. Il est vrai qu’elle diminuent notre concentration et nous détournent parfois du planning qu’on s’était fixé pour la journée. Mais la notion de priorisation darwinienne vient souligner le rôle bénéfique que des rappels judicieux peuvent avoir dans notre efficacité quotidienne.
C’est ainsi qu’une demande populaire dont nous n’avions pas forcément conscience peut parvenir à s’imposer dans notre esprit parce qu’elle nous est répétée un certain nombre de fois. On s’aperçoit alors qu’on est devenu un vrai goulot d’étranglement et qu’il faut agir pour y remédier.
Lorsque la demande est légitime, ce feedback constitue un garde fou à ne pas négliger, mais nous devons aussi nous méfier lorsqu’elle est utilisée dans le but de nous manipuler. D’où l’importance de se rendre disponible en priorité à ceux dont on sait qu’ils nous font progresser dans nos projets.
Que pensez-vous de cette notion de priorité darwinienne? Quelques remarques ou précisions à apporter? Ca se passe en dessous, dans les commentaires!
Article interessant mais qui malheureusement ne marcherais pas dans mon cas lol
Aux personnes qui me tanne, je reponds toujours la meme chose : j’ai un pere, j’ai une mere et meme eux ont compris que je n’ai plus 17 ans !
Je dois bien avouer que cela m’a deja jouer des tours parce qu’avant 10h du matin dans un mauvais jour je peux dire ca a n’importe qui y compris mes superieurs (hierarchiques 🙂 mais au final je m’en sors assez bien lol
Merci pour cet article Alexandre
Mohamed Semeunacte
J’ai pris l’habitude d’utiliser cette technique lorsque toutes les autres ont échoué.
“Tanner régulièrement quelqu’un pour faire quelque chose”. C’est sûr, c’est la plupart du temps d’une extrême efficacité.
Jusqu’à présent, j’appelais ça du harcèlement (téléphonique ou par e-mail). Mais je trouve que “priorisation darwinienne”, ça fait plus chic ;-).
Tu viens de m’enlever une tonne de culpabilité des épaules avec ton article (lol) !
Plus sérieusement, c’est vrai que cette méthode est vraiment moins moche si on l’applique avec subtilité, humour et respect de l’autre….
Merci pour l’article Argencel!
Mona Lisa LeBonheurPourLesNuls
Tout comme Mohamed, cette méthode est inefficace sur moi, voir contre productive.
Me répéter trop régulièrement quelque chose me met dans un état de stress qui va jusqu’à me mettre de très très mauvaise humeur.
Paradoxalement, je me retrouve à utiliser cette méthode avec tout professionnel (non collègue) afin de ne pas leur faire oublier mes priorités (il faut dire qu’avec l’expérience on se rend vite compte que nos priorités sont rarement en accord avec les leurs).
Pour les collègues ou partenaires de travail je ne pratique pas la méthode darwinienne car j’ai des doutes sur l’efficacité long terme de cette méthode (je pense à la dégradation de l’ambiance de travail).