Les six chapeaux de la réflexion est une méthode qui facilite la résolution de problèmes et la prise de décision au sein d’une équipe. Publiée en 1985 par Edward de Bono dans le livre du même nom, elle a depuis conqui de nombreux professionnels.
L’un de ses adhérents les plus enthousiastes fût Monsieur Hisushi Shinto, l’ancien leader de l’immense conglomérat japonais des télécommunications : NTT (Nippon Telephone and Telegraph). Cet illustre dirigeant nommé homme d’affaire de l’année en 1996 fit appliquer la méthode à ses décideurs et constata un effet très bénéfique sur leur façon de penser. Les discussions se révélaient beaucoup plus constructives, plus positives, et les participants étaient beaucoup plus enclins à discuter des idées au lieu de s’asseoir en silence en prenant soin d’éviter toute erreur.
Cette méthode est très simple à mettre en oeuvre, tout en restant très efficace. L’idée est d’imaginer des chapeaux qu’on peut mettre ou enlever à volonté et qui contraignent leur porteur à un certain mode de pensée. On peut aussi demander à une autre personne ou à un groupe d’enlever ou de mettre un chapeau en particulier.
Description des six chapeaux
Chapeau blanc (la couleur du papier) : lorsqu’on porte le chapeau blanc, on doit relater des faits. Ce doivent être des données neutres, des informations sans argumentation. On peut aussi utiliser le chapeau blanc pour demander des informations et définir les informations qu’il nous manque. Ainsi lorsqu’on dira lors d’une réunion : “raisonnons maintenant avec le chapeau blanc”, cela signifiera : “venons-en aux faits”.
Chapeau rouge (la couleur du feu) : avec le chapeau rouge, une personne évoque ses émotions, sentiments, pressentiments et intuitions sur le sujet. On oublie souvent l’importance des émotions au profit de la “supériorité” de la logique. Le chapeau rouge les valorise en leur donnant une place bien précise. On peut ainsi “prendre la température” à propos d’un certain sujet. Par exemple, une personne peut dire : “en portant le chapeau rouge je pense que c’est une idée catastrophique”, “je pense que c’est un bon investissement” ou “j’ai envie d’embaucher cette personne”. Aucune justification n’est requise lorsqu’on porte ce chapeau.
Chapeau noir (la couleur de la robe du juge) : le chapeau noir est certainement celui qu’on utilise le plus souvent, car il couvre la prudence et le jugement. Il empêche de commettre des erreurs et de faire des choses stupides. C’est la logique négative. Autrement dit : toutes les raisons pour lesquelles quelquechose ne pourrait pas marcher, pourrait être illégal ou faux, pourquoi une chose ne vaut pas la peine d’être réalisée. Il est important que le raisonnement soit logique, sinon on doit adopter le chapeau rouge.
Chapeau jaune (la couleur du soleil) : le chapeau jaune est la logique positive. Par opposition au chapeau noir, il couvre toutes les raisons pour lesquelles on peut penser que l’idée va marcher : les économies, les bénéfices et les avantages issus de cette idée. Le chapeau jaune est habituellement tourné vers le futur. On évaluera ainsi quels sont les bénéfices et avantages qui arriveront si on réalise l’idée. Mais il peut aussi être utilisé dans le passé et le présent : telles choses sont arrivées et voici les bénéfices qui en ont résulté.
Chapeau vert (la couleur de la végétation) : le chapeau vert est le chapeau de la créativité. Il vise à énoncer des propositions, des suggestions, des idées, des alternatives, des provocations et permet de dégager ce qui est intéressant à propos d’une idée. Le chapeau vert est crucial car il réserve une place et un temps bien précis à la créativité. On dira ainsi lors d’une réunion ou d’une conversation : “consacrons maintenant 3 minutes au chapeau vert”.
Un des avantages du chapeau vert est de contrebalancer la supériorité du chapeau noir. Certaines personnes se plaisent à utiliser le chapeau noir tout le temps, puisqu’il permet de juger et d’évaluer les risques autour d’une idée. On pourra donc dire à ces adeptes du chapeau noir : “C’est un bon raisonnement du point de vue du chapeau noir, essayons maintenant de voir cela en endossant le chapeau vert”. La personne sera ainsi mise à l’épreuve et pourra dire : “je ne comprends pas”, auquel cas on explique le concept du chapeau vert, “je ne veux pas le faire”, ce qui marquerait un manque de bonne volonté de sa part ou “je ne peux pas le faire”, ce qui lui fera prendre conscience de ses lacunes dans ce mode de pensée.
Chapeau bleu (la couleur du ciel) : C’est le meneur de jeu, l’animateur de la réunion qui canalise les idées et les échange entre les chapeaux. Il permet de prendre du recul sur le sujet. Il englobe toute la discussion. C’est un peu comme un chef d’orchestre qui met en valeur tour à tour les trompettes, les violons ou n’importe lequel des instruments au moment opportun. On pourra dire par exemple : “en portant le chapeau bleu je pense qu’on devrait se reconcentrer sur nos priorités”, ou “en portant le chapeau bleu, je pense qu’on a besoin de réfléchir un moment avec le chapeau blanc”, ou bien : “je propose d’établir la séquence de chapeaux suivante : chapeau blanc, chapeau vert, chapeau jaune…(ou autre)”. Le chapeau bleu peut également être utilisé pour la conclusion : “où sommes-nous arrivés?”, “quels sont les points principaux qui ont été exposés?”, “sommes-nous tous d’accord avec cette conclusion?”.
Comme on peut le voir, l’avantage de cette méthode est de pouvoir changer rapidement de mode de pensée sans offenser les participants. La réflexion est par conséquent beaucoup plus productive.
Il est important ici de ne pas catégoriser les participants. Ne pas dire : “c’est un adepte du chapeau vert”, “c’est une adepte du chapeau jaune”, etc. Chaque participant doit être capable de penser avec un chapeau particulier, même s’il est meilleur avec tel ou tel chapeau.
Exemple
Supposons que l’idée à discuter soit : “seul les femmes devraient faire de la politique” et que la séquence de chapeaux soit : jaune, vert, blanc, noir, rouge.
On pourrait obtenir :
Chapeau jaune :
“Les femmes ont tendance à être plus pragmatiques et moins agressives que les hommes, peut-être pourrait-on éviter des guerres?”
“Les femmes sont plus intuitives”
“Les femmes sont aussi moins réticentes à travailler en groupe”
Chapeau vert :
“Pour chaque poste, élire à la fois un homme et une femme”
“Les hommes votent pour les hommes, les femmes votent pour les femmes.”
Chapeau blanc :
“Etudions le succès de la Reine Victoria sous l’Empire Britanique, Madame Ghandi en Inde, etc”
“Faisons une enquête, un sondage : les femmes veulent-elles faire de la politique, comment réagissent les hommes à cette idée, etc”
Chapeau noir :
“Cette idée est injuste envers les hommes”
“Les femmes pourraient se montrer trop émotives dans leurs fonctions”
Chapeau rouge :
“C’est une idée intéressante”
“C’est une idée terrible”
Conclusion
Les six chapeaux de la réflexion d’Edward de Bono est une excellente technique pour examiner une idée sous divers points de vue. Sa mise en application est extrêmement simple et habitue les participants à sortir de leur mode de pensée habituel.
Comme chacun est amené à réfléchir en parallèle selon le même mode de pensée que les autres, les conflits sont évités et tout le monde peut s’exprimer librement. Le chapeau vert permet en outre de donner une vraie place à la créativité dans les prises de décisions, favorisant l’innovation.
Pour aller plus loin, le livre les six chapeaux de la réflexion d’Edward de Bono explique la méthode en détail.
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Tiens, coïncidence, je viens juste de recevoir ce livre, commandé la semaine dernière. C’est le prochain ouvrage à lire sur ma liste. Merci de la présentation, ça me permettra de rentrer directement dedans.
@Manu : oui, le livre donne beaucoup de conseils concrets et d’exemples plutôt utiles si on envisage d’adopter la méthode. J’ai vu que tu lis beaucoup en ce moment, ce sera l’occasion de nous fournir quelques retours!
Chapeau blanc: cette méthode n’apporte aucun concept original, chaque chapeau est un rôle dialectique classique que tout le monde utilise naturellement dans n’importe quelle conversation.
Chapeau noir : cette méthode mériterait plutôt de s’appeler “les 6 gros sabots”, car son manque de subtilité va dramatiser brutalement la dimension politique de toute réunion. Ca me semble dangereux (ou manipulateur) de forcer les gens à porter un chapeau qui risque de les pousser à dire franchement des trucs qu’ils auraient préféré faire comprendre de manière détournée.
Chapeau rouge : la terminologie est particulièrement grotesque.
Chapeau vert : cette méthode est cependant surement très efficace si l’objectif est de transformer une réunion formelle en happening surréaliste. Je pense que ça peut donner d’excellent résultats en conjonction avec un business loto ( http://www-gmm.insa-toulouse.fr/~gaudron/businessloto.jpg )
@Patrick :
En lisant ton commentaire, voici la question que je me pose : ton commentaire est-il constructif?
Chapeau rouge :
Tu me cherches Patrick?
Je me vengerai au prochain match de frisbee! 😉
Chapeau blanc :
Il manque le sujet de la discussion
Il manque le chapeau jaune
Le commentaire utilise principalement des termes négatifs
La méthode des chapeaux est utilisée ici par une seule personne
Chapeau jaune :
“les six gros sabots” : il est vrai que certaines personnes peuvent se trouver frustrées/menotées par la méthode, d’où la nécessité d’un meneur de réunion efficace
D’autre part, je ne connaissais pas le business loto, je trouve le concept cynique mais marrant.
Chapeau noir :
1ère remarque : ton chapeau blanc est erroné :
Le concept novateur n’est pas le fait de catégoriser les modes de pensée mais de faire en sorte que les participants utilisent le même mode de pensée en parallèle de façon à ce que tout le monde soit sur la même longueur d’onde.
“la terminologie est particulièrement grotesque” : tu juges ici la forme et non pas le fond. Rien ne t’empêche de renommer les chapeaux en ce que tu veux,
tu peux dire :
au lieu du chapeau rouge : Quel est votre sentiment à propos de cette idée?
au lieu du chapeau jaune : Concentrons-nous maintenant sur les avantages de cette idée?
au lieu du chapeau noir : Quels sont les risques potentiels de cette idée?
etc…
“qu’ils auraient préféré faire comprendre de manière détournée” : justement le concept des chapeaux est de faire en sorte que les choses soient claires entre les
participants, car c’est souvent les incompréhensions qui causent des conflits
“happening surréaliste” : justement le but est de faire sortir des idées novatrices, et je ne crois pas que ce soit surréaliste.
Chapeau vert :
On pourrait alterner la méthode des six chapeaux avec des séances d’argumentation classiques.
Lors des premières réunions, le chapeau bleu pourrait éviter d’intervenir trop souvent pour ne pas trop frustrer les personnes réticentes à cette méthode.
Conclusion : ton commentaire soulève certaines problématiques tout à fait intéressantes à explorer et
contrebalance aussi l’aspect positif de mon article. Merci!
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