Petit à petit l’oiseau fait son nid

By | 30 avril 2009

Petit à petit, l'oiseau fait son nidPour construire son nid l’oiseau fait des centaines de va-et-vient avec une brindille, une feuille ou un peu de mousse dans son bec.

Au début, l’équilibre semble fragile : on a l’impression que la moindre rafale de vent pourrait remettre en question toute l’entreprise. De plus, chaque brindille ajoutée est une étape bien dérisoire par rapport au résultat final attendu. L’oiseau reste pourtant régulier dans sa besogne. Et à force de détermination et de persévérance, le nid prends peu à peu sa forme et arrive à temps pour la belle saison.

Cette success story animalière nous donne de bons conseils quant à la gestion d’un projet. Nous allons nous en servir ici pour analyser les étapes qui mènent à son aboutissement.

Au commencement

Le commencement d’un projet est une étape critique, et il en va de même pour la construction du nid.

Tout d’abord, l’oiseau doit s’assurer qu’il est en sécurité.

Pour cela, plusieurs stratégies :

  • Former des colonies : c’est bien connu, un prédateur hésitera à s’attaquer à un groupe. Non seulement le groupe peut donner l’alerte plus facilement. Mais il constitue aussi une proie plus corriace et menaçante qu’un oiseau isolé. Au pire, si le prédateur se décide quand même à attaquer, il y a de fortes chances que le mauvais sort tombe sur un autre.

    Construire en groupe comporte d’autres avantages : par exemple certains oiseaux économisent leur énergie en construisant d’abord un grand toit commun qui les met à l’abri des intempéries avant de construire chacun son nid personnel sous ce toit.

  • S’isoler : d’autres oiseaux optent pour des endroits isolés et inaccessibles comme les falaises pour construire leurs nids.
  • Se barricader : d’autres encore viennent se loger dans le creux d’un arbre et condamnent l’entrée avec de la boue, ne laissant qu’une petite ouverture pour que leur conjoint apporte la nourriture.
  • Se faire oublier : l’Alouette construit typiquement son nid sur le sol. Le mimétisme est utilisé ici pour se fondre dans les buissons.

Si l’on transcrit tout cela sur le plan humain, les analogies sont nombreuses :

  • Former des colonies : certaines personnes choisissent de construire leur maison dans le cadre d’un lot, avec des co-entrepreneurs. Ainsi, ils peuvent avoir des prix de groupe et sont plus durs à piéger par d’éventuels arnaqueurs.
  • S’isoler : cibler un secteur de niche sous-exploité ou un marché émergent est une bonne manière d’être à l’abris de concurrents expérimentés.
  • Se barricader : le protectionnisme est une pratique courante qui permet de soustraire une entreprise de sa concurrence en lui donnant des privilèges.
  • Se faire oublier : il suffit parfois d’un procès pour mettre à genoux une entreprise. Alors quand on est petit, mieux vaut ne pas faire de vague et être bien vu par les élus locaux. Dans un cadre illégal, il est encore plus crucial de se fondre dans la masse. Ainsi les pirates informatiques prétendent vendre du conseil en sécurité et  les prostituées exercent dans des salons de massages.

Lorsque l’oiseau construit son nid, il a intérêt aussi à partir sur de bonnes bases pour ne pas risquer que le nid tombe et que sa progéniture finisse en omelette. Heureusement, par instinct, les oiseaux connaissent des techniques avancées comme les noeuds, le tissage et même la coûture (dans la cas de la fauvette couturière). Ils peuvent ainsi en s’attardant un peu donner un maximum de stabilité à la structure initiale de leur nid, dont ils auront pris soin de bien choisir l’emplacement, si nécessaire en bâtissant plusieurs ébauches.

Les projets humain impliquent également des choix initiaux qui déterminent la solidité d’un projet :

  • le nom du projet/de l’entreprise/du site web/du produit
  • le lieu d’implantation
  • le cadre légal/la licence du produit/le modèle économique
  • les technologies/matériaux à utiliser dans les produits
  • etc.

Pour éviter les premières étapes délicates de la construction du nid, certains oiseaux choisiront la solution de facilité de partir d’un nid abandonné, ou d’un nichoir. Ils le peaufineront ensuite selon leurs désirs. Encore faudra-t-il dans ce cas que l’effort à apporter soit inférieur à l’effort initial nécessaire à la construction d’un nid en partant de zéro.

De façon analogue, lorsqu’on reprends une entreprise, mieux vaut s’assurer qu’elle ne constitue pas un gouffre financier. Ou alors être persuadé qu’en peu d’effort, on peut la transformer en poule aux oeufs d’or.

La mâturation

Avant d’être mâture, un projet comporte toujours une phase initiale pénible.

Chez l’oiseau, puisque le nid est indispensable à la reproduction et à la survie de l’espèce, c’est l’instinct qui va le motiver à affronter cette période douloureuse . Il lui faudra parfois beaucoup de patience comme on peut le voir sur cette vidéo. Mais avec un peu d’acharnement, le nid sera prêt.

Chez l’homme, le cas est un peu spécial puisque nous sommes des êtres intelligents. On peut penser à priori qu’en être rationnels, nous savons naturellement être responsables. Mais ce serait faire abstraction de nos émotions limitantes telles que la peur ou la feignantise. Apprendre à les gérer est une faculté qu’on appelle intelligence émotionnelle.

Nous devons par exemple privilégier les bénéfices à long terme. Ainsi si on lance un élevage, il ne faudra pas tuer les bêtes trop tôt parcequ’on a subitement besoin d’argent pour se payer le dernier 4×4 à la mode. Il faudra une certaine discipline personnelle. Par exemple travailler un peu le soir sur le projet qui nous tient à coeur plutôt que de se vautrer tout de suite devant la télévision.

Les hommes sont habitués à rechercher la validation de leur entourage. Pourtant, il faudra ignorer ceux qui se mettent à peser sur notre moral en critiquant gratuitement le projet qui nous tient à coeur. En somme, tel le cheval dans son labeur, on portera des oeillères pour se concentrer sur l’objectif.

Le mieux sera sans doute de rendre l’activité agréable. Par exemple en faisant en sorte que l’avancement du projet nous mette dans un état de flow, cet état psychologique optimal propice à l’efficacité. Rappellons-en les 3 caractéristiques principales :

  1. Définir clairement les objectifs, et en particulier découper le projet en tâches concrètes.
  2. Obtenir un feedback direct et immédiat. Ainsi nous savons où nous en sommes et nous pouvons nous corriger à mesure qu’on avance.
  3. Trouver un équilibre entre la difficulté de l’activité et les compétences de l’acteur. Même sur un projet simple, on peut se donner des défits motivants, tels que réaliser le projet en peu de temps et avec le moins de ressources possibles.

Comme l’oiseau, nous serons ainsi capables de faire preuve de patience et persévérer pour atteindre notre but.

Le point de bascule

Le point de bascule est le moment à partir duquel le projet semble porté par un élan qui accélère sa croissance. L’effort inital consistant à vaincre l’inertie étant passé, on bascule vers plus de facilité. Il devient clair que le changement opéré va s’inscrire dans la durée. Et on aquière la conviction que le projet va être mené à son terme.

Chez l’oiseau, on saura par exemple que son nid a atteint la masse critique s’il peut se tenir dessus sans que la plateforme s’écroule. La construction s’accélèrera tandis qu’avec l’entraînement, il sait maintenant choisir les bonnes brindilles et les assembler efficacement. Et éventuellement, le nid partiellement construit pourra lui servir de refuge pour une meilleure qualité de sommeil la nuit, et donc plus d’énergie pour la construction.

Parfois, un simple coup de chance fera croître le projet de manière exponentielle. C’est ce que nous explique Darren Rowse dans son article ProBlogger’s First Tipping Point. Il y confie que son blog ProBlogger a commencé à vraiment bien marcher à partir du moment où il a annoncé publiquement gagner une somme à 6 chiffres par an grâce à l’ensemble de ses blogs. L’article a ensuite été repris par Slashdot, un des plus gros blogs américains. Et de fil en aiguille, de nombreux blogueurs se sont intéressés à son blog, lui apportant de nombreux visiteurs grâce aux liens qui pointaient vers ProBlogger.

Notons que Darren Rowse a bien parlé de “First” Tipping Point. Comme quoi un projet peut subir plusieurs phases d’accélération lorsque les conditions sont favorables.

L’achèvement du projet

Le fignolage d’un projet est en général aussi important que le démarrage.

Ainsi l’oiseau portera une attention particulière à l’aménagement de l’intérieur de son nid. Afin que les oeufs aient le plus de chaleur possible, il le garnira de matières en décomposition. Pour obtenir plus de douceur, il le remplira de plumes, de crin ou de mousse. Il pourra aussi choisir de répartir des branches épineuses sur le toit du nid afin de tenir les prédateurs à distance.

De là, l’analogie avec la construction d’une maison nous viens tout de suite en tête. On retrouve les mêmes problématiques de chauffage, de confort et de sécurité. Les finitions sont en général longues et coûteuses. A tel point que certains ayant trop investi se retrouvent à habiter dans une maison incomplète ou terminée avec des matériaux bon marché. Ceci leur coûtera certainement plus cher à l’avenir, lorsqu’il faudra payer la facture de la maintenance.

Remarquons que les finitions ont parfois pour rôle d’embellir de mauvaises graines.

Chez l’oiseau, qui doit maintenant s’occuper de ses oeufs, il faudra bien faire attention au coucou, cet oiseau qui vient pondre dans le nid des autres. Ses oeufs étant très similaires à ceux des espèces d’oiseaux dans le nid desquels il pond, la plus grande vigilance s’impose. A défaut, l’hôte est conduit inconsciemment à couver et à élever un intrus qui les dépasse en taille et en appétit aux dépends de sa propre progéniture :

Parasitisme de couvée

Conclusion

Comme on le voit, la mise en oeuvre d’un projet est un combat de longue haleine dont l’issue n’est jamais gagnée d’avance. L’oiseau mène un combat constant contre les intempéries, les prédateurs et même ses propres congénères.

Malgré cela, il lutte sans se décourager pour la survie de son espèce. Sa besogne lui permet du même coup d’évoluer. De sorte que s’il échoue, il pourra mettre à profit son expérience lors de la prochaine couvée.

De même que l’oiseau, nous devons prendre à coeur les projets que nous entreprenons comme si la survie de notre espèce en dépendait. Le succès ne se mesure plus alors dans le fait d’arriver au bout du voyage. Mais de savoir qu’on a fait tout ce qui était en notre pouvoir pour arriver au but, en se relevant sans cesse face aux obstacles qui s’élèvent devant nous.

Cet article a été écrit dans le cadre du festival A la Croisée des Blogs organisé ce mois-ci par Val du blog Finir Riche dont le thème de mai 2009 était : les étapes qui mènent au succès.

7 thoughts on “Petit à petit l’oiseau fait son nid

  1. colo

    va-et-vient, c’est mieux non ? 😉

  2. spirit

    J’aime beaucoup l’image de l’oiseau et du nid. Merci pour ce beau texte et bon dimanche à vous.

  3. Pingback: À la croisée des blogs: Les étapes qui mènent au succès - Récap | finir-riche.net

  4. coco

    moi j’ai été tres heureuse de voir l’évolution du nid ensuite il ya eu 5 oeufs et enfin l’arriver de 5 magnifique bébés oiseaux c’étais trop mimi méme si les bébés ne sont pas trop beau a la naisance ils se formes trés vite. tout les jours mes enfants et moi allions leurs fair 1 petit coucou jusqu’à ce matin snif,ou fut la surprise ou mes petit bébés oiseaux s’étais envoler me laissant dans la solitude car je m’ était habitier a eux, mais la se soir surprise il se proméne dans mon jardin donc ils ne sons pas trés loin et sa j en suis sur, tout sa était telement merveilleux que moi méme et mes enfant ne sont pas prés de l’oublier.

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