Perfectionnisme toxique / perfectionnisme constructif : comment faire la différence ?

By | 26 novembre 2012

Savez-vous faire la différence entre perfectionnisme toxique et constructif ?

Qui n’a jamais été ému devant la perfection des gestes d’un sportif de haut niveau ou les accords mélodieux d’un pianiste virtuose ?

Pour atteindre l’excellence, il semble nécessaire de cultiver un certain amour pour la perfection.

Pourtant, celui-ci peut devenir un sérieux handicap lorsqu’il entrave l’achèvement de vos tâches. Certaines études montrent même que le perfectionnisme a de mauvaises répercussions sur la santé.

Dans un précédent article, j’avais déjà évoqué l’idée de lâcher prise vis-à-vis du perfectionnisme. Certains lecteurs regrettaient pourtant l’absence de critères pour différencier le bon perfectionnisme du mauvais perfectionnisme.

C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui, à travers ce tableau comparatif en onze points :

Perfectionnisme toxique Perfectionnisme constructif

1. Ambitions démesurées

Vous vous donnez des objectifs extrêmement difficiles à atteindre. Vous surestimez coup sur coup votre auto-discipline future.
Vous avez tendance à vous assigner des tâches au-delà de votre capacité de travail.

Vous vous donnez des objectifs humainement atteignables.
Vous avez une idée juste du temps et de l’investissement que nécessitent vos tâches.
Vous savez dire stop lorsque votre capacité de travail est surchargée.

2. Obsession pour les détails

Pour vous, les détails comptent autant que l’ensemble.
Vous vous investissez souvent dans des tâches insignifiantes que les autres ne remarquent même pas, au détriment de l’essentiel.

Vous savez établir une liste de priorités.
Vous investissez votre temps avec discernement, sur les tâches qui apportent le plus de valeur, tout en gardant à l’esprit l’importance des détails.

3.  Inflexibilité

Vous avez du mal à supporter les imprévus et les changements de programme.
Lorsqu’une tâche est annulée ou modifiée, vous êtes excessivement déçu et vous avez du mal à percevoir l’expérience positive qui en résulte.

Vous êtes capable d’adapter vos objectifs et vos exigences selon le contexte.
Vous savez ajuster vos activités de manière à optimiser votre charge de travail et à persister dans la durée.

4. Sensibilité à l’échec

La moindre erreur vous brise le moral.
Vous faites semblant que tout va bien alors que vous êtes en difficulté.
Vous pensez qu’avouer vos erreurs serait une marque de faiblesse, ce qui serait intolérable pour vous.

Pour vous, les échecs sont une opportunité pour s’améliorer.
Vous ne cherchez pas à masquer vos erreurs.
Vous acceptez volontiers l’aide de votre entourage en cas de difficulté.



5. Soif  de contrôle

Vous voulez toujours tout contrôler.
Vous avez beaucoup de mal à déléguer car vous avez l’impression que les choses vont partir de travers si vous commencez à relâcher votre emprise.

Vous contrôlez comme il se doit les tâches inhabituelles ou qui ont un impact majeur sur vos projets.
Pour le reste vous faites confiance en vos capacités et en celles des autres.

6. Pensée dichotomique

Vous ne validez pas vos succès car à partir du moment où un travail n’est pas parfait, il ne vaut rien à vos yeux.
Vous avez du mal à vous donner des circonstances atténuantes ou d’apprécier l’effort fournit, que ce soit envers vous ou envers les autres.

Vous percevez les nuances de la performance, du bien et du mal, du blanc et du noir.
Vous acceptez que vous ne puissiez pas toujours produire un travail excellent d’entrée de jeu. Et cela ne vous rend pas "nul" pour autant.

7. Autocritique

Vous doutez constamment de vous-même et vous n’acceptez pas les limites de votre imperfection.

Vous acceptez vos propres erreurs et cherchez à les corriger dans la mesure de ce que vous pouvez contrôler.

8. Pessimisme excessif

Vous surestimez la probabilité de survenue d’événements négatifs.
Vous généralisez les mauvaises expériences : un simple test échoué vous donne l’impression que vous n’arriverez jamais à terminer vos études.

Vous entrevoyez l’avenir de façon réaliste et cherchez à prévenir les difficultés.
Pour vous, un échec est ponctuel et ne révèle pas forcément votre niveau de performance futur.

9. Sentiments négatifs

Eternellement insatisfait de vous-même, vous ressentez souvent de la honte, de l’anxiété et de la culpabilité.

Vous prenez du plaisir et de la satisfaction dans la réalisation de vos projets et dans l’atteinte de vos objectifs personnels.

10. Estime de soi conditionnelle

Votre estime de soi se résume à votre performance, vos succès et vos réussites.

Vous avez une estime de soi diversifiée, qui vous permet de relativiser et de rebondir sur vos échecs.

11. Influence excessive de la pression sociale

Vous redoutez les impératifs sociaux, auxquels vous vous sentez contraint de répondre de manière inconditionnelle.

Vous êtes capable de faire face aux conventions sociales avec spontanéité et le sens du compromis.
Vous ne cédez pas au détriment de vos aspirations personnelles.

N’hésitez pas à compléter la liste dans les commentaires de l’article si vous pensez à d’autres critères, ou que vous avez des anecdotes à nous raconter 🙂

17 thoughts on “Perfectionnisme toxique / perfectionnisme constructif : comment faire la différence ?

  1. denys

    Tes articles m’aident beaucoup et celui ci en particulier. Je me suis vraiment reconnu dans le perfectionniste toxique. J’ai même cru un moment que tu m’avais observé pour l’écrire. Je vais essayer de changer, merci.

  2. Elisabeth

    Cet article est bien complet et décrit parfaitement,par le perfectionnisme toxique, les travers d’un objectif qui n’est pas adéquat avec ce que nous sommes. Tout challenge en accord avec notre talent particulier, aboutit à un résultat parfait puisqu’il reflète la perfection de ce que nous sommes. Dès que nous commençons à nous forcer, à nous “faire violence” pour que le résultat soit parfait, c’est probablement que nous ne sommes pas au bon endroit et que nous ne faisons pas des choses qui sont ok pour nous ! Je crois sincèrement que la vie peut et doit être simple…et est quoiqu’il arrive parfaite !
    Merci Alexandre pour toutes ces pistes de réflexions si enrichissantes !
    Elisabeth

  3. Grégory@Deviendra grand

    Très bon article (et commentaire facile …)

    Bon, pour certains, je vais jouer sur les mots …

    Mais, pour ma part, je ne considère pas qu’il puisse y avoir un perfectionnisme constructif. Le perfectionniste recherche la perfection. Et la perfection n’existe pas. Il n’y a rien de positif à rechercher quelque chose qui n’existe pas. À moins de se placer depuis un point de vue romantique ou dans un blockbuster américain …

    Par contre, ce que chacun d’entre nous peut rechercher et atteindre, c’est l’excellence.

    Certes, d’après Jori Cazilhac, « Qui cherche la perfection obtient l’excellence». Mais je trouve Alexandro Jodorowsky bien plus positif : « Pour les humains, la perfection est inaccessible, l’excellence oui. Fais ton travail du mieux que tu peux, en acceptant les erreurs inévitables. »

  4. Rémi@Agora de la Génération Y

    Merci Alexandre pour ton article et pour la haute qualité générale de tes articles et de ton blog.

    J’ai particulièrement aimé cet article car le sujet me parle. J’ai beaucoup travaillé mon côté perfectionniste pour éviter qu’il m’empêche d’avancer.
    J’ai fais beaucoup de progrès mais il m’arrive encore de croire que je peux tout faire et de façon nickel. Un peu à la façon d’un pouvoir illimité 🙂
    Et là je tombe sur ton 1er cas, celui d’une ambition démesurée qui au final peut être toxique. Car je suis humain, et parfois j’ai des baisses de motivation ou des choses qui me prennent bien plus de temps que prévu. Et je n’arrive pas à tout faire. Alors je replanifie.

    Cela me fait penser à l’une des 5 blessures de Lise Bourbeau (super bouquin au passage !) : la blessure de l’injustice cachée sous le masque du rigide. L’auteure parle alors d’optimisme excessif car la personne est parfois tellement rigide qu’elle pense qu’elle peut tout faire. “Y’a qu’à, faut qu’on”

    Belle journée,
    Rémi

  5. janklaud

    Excellente analyse! on sent que ça vient de l’intérieur vers l’extérieur et donc que ce sera RESSENTI , COMPRIS et ACCEPTE par une foultitude de lecteurs lucides.
    Le “syndrome du perfectionnisme toxique”comprend, à mon avis puis que je suis cruellement concerné, deux comportements qui comme toute chose ne deviennent critiques qu’au delà de certaines limites
    J’ai nommé: LA THÉSAURISATION et la PROCRASTINATION dont les résultats conjugués aboutissent à l’IMMOBILISME à la STAGNATION et au MARASME.Autrement dit au fil du temps on n’avance pas d’un pouce!
    Comme on n’est JAMAIS prêt on collectionne, les infos, les docs, les outils et les moyens qui s’empilent oisivement.
    Comme on n’est toujours pas prêt on remet au MOMENT PROPICE qui bien sur n’arrive jamais!
    A mon avis c’est un symptôme de dépression à ne pas négliger!

  6. Alexandre Post author

    @denys : content que ce tableau puisse t’aider 🙂
    hé non, je ne me suis pas introduit dans ta vie mais j’ai un bon modèle puisque j’ai moi-aussi mes moments de perfectionnisme toxique 😛

    @Elisabeth : c’est vrai que certaines choses que l’on imagine parfaites, comme des productions industrielles, parce qu’elles ont la forme carrée parfaite, ou une couleur homogène, est pourtant aussi imparfaite puisqu’elle manque de ce côté humain, dont les produits artisanaux ne manquent pas. Finalement la perfection est très relative !

    @Grégory : il y a certainement plusieurs mots pour désigner le perfectionnisme constructif. En fait, je trouve le concept pertinent parce que pour beaucoup de gens, le perfectionnisme a une connotation positive.

    @Rémi : si tes ambitions démesurées sont compensés par de la flexibilité, c’est déjà pas mal !
    J’ai moi aussi entendu parler de ce livre sur les 5 blessures, mais pas encore lu.

    @janklaud : merci, pour la procrastination, effectivement on l’associe souvent au perfectionnisme. Par contre pour la thésaurisation, je ne connaissais pas. J’ai eu beau chercher sur wikipedia, je crois qu’il existe un terme plus approprié pour nommer la “collectionnite aigüe”. Bon sauf que là maintenant, je ne l’ai pas sur la langue…

  7. janklaud

    A propos de THESAURISER
    Au fig. [Le compl. d’obj. dir. désigne un inanimé abstr., gén. des richesses intellectuelles, spirituelles, affectives] Accumuler, amasser. Thésauriser des connaissances, du savoir
    Amasser, accumuler de l’argent sans le dépenser ou l’investir.

  8. Chirk Tarik

    Un merci global pour tous tes articles. Dans l’esprit et dans la démarche, j’adhère. Cet article en particulier. Je partage l’idée d’un des commentateurs que l’idée même de perfectionnisme intègre quasiment la toxicité dans ce qu’elle induit comme tension et contrôle (différent de la maîtrise…mais c’est subtil, je le concède) à vouloir toujours plus, être plus. C’est une “roue” qui s’emballe et mène souvent à des comportements qui confondent exigence et pression “négative”, stress “négatif” et quelquefois à des désillusions quand la reconnaissance n’est pas au Rv avec des conséquences sur l’estime de soi qui mènent souvent droit au “burn out”. Je préfère, à l’idée de “perfectionnisme”, celle d’Excellence oui, avec un grand E). Rechercher l’excellence c’est rechercher le meilleur de soi dans un contexte donné, c’est être dans l’expression de ses talents et s’inscrire dans l’amélioration continue par l’acquisition de savoirs, le développement de savoirs faire et leurs conversion en points forts (faut tout de même travailler mais de manière cohérente et donc efficace, voire efficiente). A ce titre je recommande un livre de M. Buckingham et D. Clifton “Découvrez vos points forts”. C’est un vrai changement de paradigme dans notre culture et notre éducation que de travailler ses points forts que de se focaliser sur ses points faibles. Mais là n’est pas l’objet. Peut être pour un autre article 😉
    Pour finir, te dire que je m’autorise à partager tes articles (en citant ta référence) sur un groupe que j’ai créé sur facebook autour du coaching et du management car cela permet d’ouvrit au plus grand nombre ce qeu tu as l’humilité et l’energie de partager avec nous et je t’en remercie une seconde fois. Excellente soirée à tous…même si elle est imparfaite 😉
    Tarik

  9. Brice

    Bonjour,

    Merci d’avoir répertorié tout ces critères, il est tellement difficile une fois la tête dans le guidon de s’apercevoir du “bon” et du “mauvais” perfectionnisme.

    Merci.

    A bientôt.

    Brice.

  10. janklaud

    A propos de la perfection qui est parfois obsessionnelle je vous recommande mon article un peu long pour un commentaire sur mon blog:
    http://conscience-de-soi.blogspot.com/
    L’article s’intitule:
    DIEU SE FOUT DE LA PERFECTION.
    Merci de vos éventuelles réactions si le webmestre le permet , bien sûr.

  11. Valentina

    Bonjour,

    Whaw! Cette article est une petite chef d’oeuvre! Bravo! Valentina

  12. Victor

    Bonjour Argencel,

    Très sincères Félicitations pour cet article qui ne manque pas d’intérêt, et qui surtout fait preuve d’un vrai professionnalisme, tant sur le fond que sur la forme.

    Il faut le lire et le relire pour en retirer les points clefs à mettre surtout en application.

    Au plaisir de te lire à nouveau, et peut-être un jour échanger avec Toi.

    Très Cordialement

    Victor

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  14. samson

    bonsoir Alexandre merci pour cette réflexion enrichissante que tu mets à la disposition de ceux qui en ont le plus besoin.A mon avis je crois que cet article est au complet.une fois de plus merci!!! Samson!!

  15. Pascal , L’Equilibriste

    Je suis plutôt du genre perfectionniste. Je me suis souvent posé la question si cela était un défaut ou une qualité.

    Avec vet article j’ai ma réponse. Tout dépend dans quelle catégorie on se place.

    Merci, article très éclairant.

  16. Stéphane de Qui Recherche

    être perfectionniste n’est certainement pas un défaut. les onze points analysés sont à mon avis très pertinents. mais d’après moi, le plus dangereux c’est bien l’obsession. parce le perfectionnisme d’après moi est déjà une petite obsession; l’obsession de la perfection,c’est peut être un peu comme le serpent qui se mors la queue, on n’en sort plus. je ne sais pas ce que vous en pensez.

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