Cet article est ma contribution au festival A la Croisée des Blogs du mois de Septembre 2012, sur le thème : “Penser et Agir, à quel moment vous devez passer à l’action ?” et lancé ce mois-ci par Mathieu sur le blog Penser et agir.
Passez à l’action ! On vous le martèle souvent sur les blogs consacrés au développement personnel. Concrétisez vos idées de projet ! Surmontez votre peur de l’échec ! Lancez-vous !
Evidemment, ça ne coûte pas grande chose de s’ériger en motivateur de troupe quand on n’en subit pas les conséquences. Prévoir les éventuels revers de fortune est pourtant essentiel pour réussir.
Aujourd’hui, nous allons donc prendre un peu de recul en déterminant quel est le moment optimal pour s’engager dans l’action. Autrement dit : "A partir de quel moment puis-je m’assurer avec une probabilité suffisante que mon action sera couronnée de succès ?"
Qu’est-ce que l’action ?
Tout d’abord, il me semble important de s’interroger sur le sens que nous donnons au mot "action". Notre cher hôte de cette édition de la Croisée des Blogs oppose pensée et action.
Je crois qu’une des caractéristiques essentielles du mot action est le fait de s’engager.
S’engager dans une voie particulière a un coût. Nous sommes obligés de tourner le dos à d’autres opportunités, nous y consacrons des ressources, et nous subissons le coût de nos échecs.
C’est pour cela que nous sommes tellement circonspects lorsqu’il s’agit de traduire des paroles en actes.
Action visible et action invisible
Une complexité supplémentaire vient du fait que certaines actions sont visibles, d’autres invisibles.
J’entends par là que certaines choses que nous faisons produisent un résultat tangible, tandis que d’autres ne se remarquent pas. C’est pourquoi on peut parfois être accusé de procrastiner, alors que nous avons déjà commencé à préparer le terrain.
La phase de préparation est pourtant essentielle car elle assure la réussite de l’action qui va suivre. Mais on ne la considère généralement pas comme une action à part entière, car elle est réversible.
Elle implique généralement des ressources renouvelables et son coût est négligeable. Par exemple, un marin ne risque pas grand-chose tant qu’il reste à quai. Le risque d’un échec se fait plutôt sentir lorsqu’on sort de la phase de préparation : dès que le bateau prend le large.
Quand sortir de la phase de préparation ?
Passer de la préparation à l’action proprement dite est une décision délicate.
Comment être sûr d’avoir prévu tous les dangers qui nous guettent ? Est-on suffisamment entrainé ? Avons-nous suffisamment d’informations ? Avons-nous le bon équipement ?
Cette transition est le cauchemar des perfectionnistes, qui auront tendance à la prolonger indéfiniment.
Bien évidemment, si on est suffisamment expérimenté, il ne s’agit que d’une formalité. On sait que les actions vont s’enchaîner très naturellement. Mais que faire lorsqu’on est confronté à une situation inhabituelle ?
Affiner le modèle mental
Lorsqu’on manque d’expérience, nous avons une vision floue du terrain. Notre modèle mental est approximatif.
Dans ce cas, la peur de passer à l’action est tout à fait rationnelle.
Nous devons donc enrichir ce modèle mental :
- par une phase d’analyse en se servant des connaissances théoriques du domaine d’expertise, typiquement en lisant des livres sur le sujet, ou en assistant à des cours magistraux.
- par une formation pratique, en testant et en expérimentant directement la réalité du terrain.
La première approche est la moins coûteuse. Mais elle est aussi beaucoup moins efficace. En restant dans l’abstrait, on risque d’être surpris par le décalage entre théorie et réalité.
La deuxième approche est plus naturelle. Mais elle exige de sortir de notre zone de confort. On s’expose alors à des situations embarrassantes et même résolument dangereuses.
Si l’on prend l’exemple de l’apprentissage des langues, c’est la différence entre celui qui apprend une langue étrangère à l’école, et celui qui part dans le pays d’origine de la langue pour aller pratiquer.
Le deuxième aura un avantage décisif sur celui qui se contente des cours sans aucune immersion linguistique.
Limiter la casse
Certes l’apprentissage par la pratique est enrichissant, mais comment limiter les risques qu’il comporte ?
Apprendre sur le tas, en environnement hostile, est intéressant à partir du moment où l’on apprend plus vite qu’on ne cause de dégâts.
Cela est approprié par exemple dans certains métiers peu qualifiés de la restauration et de l’hôtellerie, où les tâches ne sont pas trop complexes, et où les dégâts sont limités (déplaire à quelques clients).
Mais lorsqu’on opère dans des secteurs comme la finance, l’aéronautique, la médecine et l’informatique, certaines erreurs ne pardonnent pas.
Pour limiter la casse, il est important alors d’opérer dans un environnement d’apprentissage, qui va réduire le fossé entre théorie et pratique, tout comme il réduira le stress et l’anxiété des pratiquants.
Comment créer cet environnement d’apprentissage ? C’est ce que nous allons voir dans la deuxième partie de cet article.
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Et vous, comment faites-vous pour limiter les risques du passage à l’action ? Je vous donne la parole dans les commentaires de cet article…
Merci beaucoup pour cet article Alexandre ! Je sens bien ton côté méticuleux qui ressort dans ce plan, pas à pas.
Mais tu as raison, surtout en ce qui concerne les langues car je l’ai moi-même expérimenté. J’en parle d’ailleurs dans mon dernier article, il m’a fallu un temps fou de préparation avant de me décider mais apprendre l’anglais – et le parler couramment – était important pour moi. 🙂
Alors comment faire ? J’en parle ici :
http://goo.gl/1vywq
(Si le lien te gêne, n’hésite pas à l’enlever.)
Wouah … J’ai l’impression que tu as lu dans mes pensées. Ton article s’adapte exactement à ce que je suis entrain de vivre.
Bon, j’aurais pu faire un com constructif, mais là j’ai juste envie de te dire (encore une fois) “merci” et j’ai hâte de lire la suite !
Bonjour Alexandre,
D’une certaine façon, l’idée d’un “environnement d’apprentissage” est la meilleure solution je trouve.
Mais on ne peut pas toujours en bénéficier. Alors personnellement je suis un “perfectionniste” comme tu dis, et je fonctionne de la façon suivante :
Je me forme jusqu’à avoir l’impression de ne plus avancer en me formant … : on s’en rend compte lorsque l’on retombe en permanence sur les mêmes informations, que l’on connait déjà (même si on ne les connait que de façon intellectuelle, sans les avoir vécues).
Puis je me lance, à petit pas, et en analysant les effets de tous ce que je fais.
Donc je trace tout ! Et je corrige dès que possible.
Et enfin, je tranquillise ma conscience en me disant que le risque 0 n’existe pas. Partant de là, tant que j’ai fais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire bien, que je peux justifier mes décisions, et corriger le tir au plus vite si besoin, comment faire plus ?
Faire plus que ça, c’est ne plus bouger …
Au plaisir de lire le 2eme volet de ton article.
Olivier
Hello Alexandre,
Tu soulignes un point très important dans ton article. Chacun a son propre taux de confiance à atteindre avant de se lancer dans ses projets. Pour certains ce sera 100%, pour d’autres beaucoup moins.
Mais il est inévitable de regarder le domaine dans lequel nous sommes. Les erreurs sont plus couteuses dans certains deomaines que dans d’autres.
Tout comme il faut également analyser qui est impliqué dans nos actions. Si nous sommes le seul touché, OK nous pouvons nous permettre de prendre des risques. Si cela implique toute la planète, elle peut être intelligent de prendre quelques précotions auparavant ^^
A+
Dorian
Si on prend d’un point de vue analyse de risque :
Celui qui se prépare + diminue + le risque par rapport à un sujet ou périmètre donné.
L’effet pervers c’est donc celui qui prépare trop car certes il va diminuer le risque pour son sujet, mais il va faire augmenter le risque dans d’autre périmètres… (réalité du terrain, organisation du temps …)
Donc comme dit la phrase :
tout est poison , rien est poison, la dose est poison
Hello, merci pour vos commentaires !
@Jean-Philippe : méticuleux, c’est tout moi, avec ses avantages et ses inconvénients 🙂
@Rachel : merci ! Ca fait plaisir de te revoir dans le coin
@Olivier : bonne tactique, du coup c’est bien pour les domaines de compétences un peu limités, mais pour les domaines de compétence plus large, as-t-on vraiment fait le tour si facilement ?
@Dorian : as-tu un confiance-o-mètre ? Ca pourrait m’être utile 😀
@Pierre : wahou, je ne connaissais pas cette phrase. J’avoue que je n’ai pas compris du tout avec cette formulation.
Mais j’ai finalement pu comprendre avec celle-ci:
“Rien n’est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison.” (rahh… faut tout lui expliquer… :P)
C’est profond, je m’en souviendrai 🙂
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