La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite (1/2)

By | 19 février 2009

La grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite (et autres leçons de vie)
La grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite (et autres leçons de vie) est un recueil de sept allégories qui se propose de nous fournir pour chacune d'entre elles des pistes d'enseignement à utiliser pour notre développement personnel. Ce livre a l'avantage de se lire très facilement grâce à l'aspect concret des histoires et à la simplicité de l'écriture de l'auteur. Ce fût un délice de le parcourir tout en imaginant où tout ceci pouvait bien s'appliquer dans la vie de tous les jours.

Maintenant que je suis arrivé au bout, je vous propose de partager avec vous les principes que j'ai retenus :

1 – La grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite

Je connaissais déjà cette petite histoire que j'avais découverte en surfant au hasard sur le net. Elle repose sur une expérience selon laquelle une grenouille plongée dans l'eau d'une marmite que l'on chauffe très lentement jusqu'à ébullition serait incapable de prendre conscience du danger avant qu'il ne soit trop tard, se laissant engourdir puis cuire malgré elle. Par contre, si l'eau avait été chaude dès le début, la grenouille s'en serait sortie indemne en sautant de la marmite, la stimulation étant suffisamment critique dès le début.

Même si elle n'a pas pu être vérifiée jusqu'à présent, on observe que cette histoire s'applique à bon nombre de phénomènes de la vie courante. Elle dénonce le laisser aller de certains qui, accoutumés à des désagréments mineurs, se retrouvent bientôt piégés dans des situations beaucoup plus graves d'où ils ne peuvent plus sortir. On peu citer par exemple le lent conditionnement des femmes battues, la pollution inexorable des sols de notre belle planète ou au niveau santé, l'évolution d'un cancer.

Face à ces dangers, l'auteur nous propose trois grandes pistes :

-Entraîner notre conscience : arrêter de jouer les robots et faire une pause de temps en temps pour prendre du recul et piloter consciemment nos faits et gestes. L'auteur va même jusqu'à parler d'éveiller notre conscience dans nos rêves, un comble!

-Entraîner notre mémoire : afin de percevoir des changements subtils, il est crucial d'avoir une bonne mémoire. La mémoire permet de comparer, de discerner et au bout du compte de savoir évoluer dans la bonne direction.

-Avoir de bons points de repère : si la grenouille n'arrive pas à agir face à la lente augmentation de la température, c'est peut-être aussi parcequ'elle ne sait pas où elle en est. Si elle avait eu un thermomètre(et avait été assez intelligente pour le lire), nul doute qu'elle aurait pu prendre conscience du danger. D'où l'importance d'avoir des références solides, et notamment des idéaux pour pouvoir avancer sereinement dans la vie.

2. Le bambou chinois : la préparation dans l'obscurité

Ce qui est étonnant avec cette histoire, c'est que j'en ai pris connaissance pour la première fois quelques jour avant de me plonger dans le livre, dans l'email d'une collègue. Et c'est cette coïncidence qui a orienté mon choix de lecture, sachant que j'avais reçu trois nouveaux bouquins.

L'histoire raconte qu'il existe un bambou chinois à la croissance toute particulière. Lorsqu'on le plante, il ne donne aucun signe de vie pendant les quatre premières années. Puis la cinquième année, il se met finalement à pousser de façon fulgurante, pour atteindre 25 mètres. Il aura donc fallu quatre ans pour que la plante prépare ses racines à son émergence en pleine lumière.

Cette histoire suit et en même temps s'oppose à l'allégorie de la grenouille. Elle propose de travailler lentement dans le secret pour ensuite grandir vite et fort au grand jour. On peut y voir un certain parallèle avec le mécanisme de procréation, qui a lieu dans une matrice protectrice, ou avec la lente mâturation d'une idée de projet dans le cerveau d'un entrepreneur. L'important est de protéger la création naissante de l'agression du monde extérieur. Une fois prête, elle fera une entrée rayonnante au devant de la scène.

Le thème de la prise de conscience et de la persévérence sont présents ici aussi. En effet, l'évolution sera très subtile au début, il faudra donc beaucoup de sensibilité pour prendre conscience du phénomène et de volonté pour continuer alors que les signes de progression sont si minces.

Enfin, si on prends la chose d'un point de vue négatif, on peut faire un parallèle avec le krach boursier démesuré de la fin 2008. Les racines de cette crise se sont construites lentement, de façon imperceptible pour beaucoup, mais la mauvaise gestion du système financier mondial est un mal bien ancré dans la terre, dont il faudra longtemps pour en venir à bout.

3. La cire et l'eau chaude : la force de la première impression

Cette allégorie apparaît dans de nombreux livres sur la créativité, dont le fameux Lateral thinking de Edward Bono. Le principe est de faire couler un peu d'eau chaude sur une surface de cire plane. On se rend compte alors que l'eau chaude a tôt fait de creuser un chemin sur la cire. Mais ce qui est le plus remarquable, c'est que lorsqu'on refait couler de l'eau, le chemin emprunté reste implacablement le même. Ainsi, c'est la première impression qui détermine le cours de tous les écoulements d'eau suivants.

Parmi les situations analogues évoquées dans le livre, je me suis particulièrement retrouvé dans celle du pianiste qui déchiffre une nouvelle partition. Il est vrai qu'il faut veiller à travailler lentement au début, et en particulier éviter de commettre des fautes de lecture ou de doigté. Autrement, un mauvais plis peut vite se former et rendre toute correction fastidieuse, la mémoire kinesthésique (du corps) ayant pris le relais sur le mouvement conscient des doigts.

Sortir du tracé imprimé dans la cire est également un thème récurrent du développement personnel. On y apprends à abandonner d'anciennes habitudes inefficaces pour en adopter de nouvelles plus adaptées à nos objectifs. On se motive à sortir de notre zone de confort pour explorer de nouveaux horizons. On remet en question nos à priori pour faire évoluer notre esprit et aiguiser notre créativité. La question est vraiment de sortir de notre conditionnement initial pour reprendre les rennes de notre vie.

Rappelons aussi que la cire et l'eau chaude sont deux faces d'une même pièce. La cire, qui symbolise l'inconscient, la matière ou le corps, complémente l'eau chaude, symbolisant la conscience, l'énergie ou l'esprit. L'eau chaude sculpte la cire et la cire canalise l'eau chaude. On ne peut être efficace qu'en sachant équilibrer les deux, tantôt en utilisant le savoir-faire contenu dans les habitudes, tantôt en prenant consciemment la voie du changement.

4. Le papillon et le cocon : l'aide qui affaiblit et l'épreuve qui renforce.

Lorsqu'un papillon est prêt à sortir de son cocon, il lui faut beaucoup de force pour s'en extirper et prendre son envol. Pourtant, saviez-vous que c'est une étape absolument nécessaire à sa survie? En effet, sans cette épreuve de force, le papillon serait incapable de développer la musculature qui lui permettra de prendre son envol. C'est pour cela qu'il ne faut jamais aider un papillon à sortir d'un cocon en le perçant, ça le condamnerait.

Cette allégorie est très pertinente de nos jours où l'on se demande souvent dans quelle mesure nous devons aider les pays du tiers monde, assister un enfant qu'on éduque ou traiter une maladie bénigne. Car toute souffrance n'est pas inutile. Bien sûr il y a des situations d'urgence où l'aide est nécessaire, sous peine d'une issue néfaste et fatale. Mais bien souvent, nous devons nous garder 'intervenir à tout bout de champ et choisir de soutenir l'effort au lieu de le substituer par la facilité et la dépendance extérieure.

L'histoire du papillon et du cocon fait l'éloge de la force intérieure comme moyen de croissance et de dépassement de soi. Elle dénonce les solutions de facilité qui n'induisent pas un véritable changement en profondeur. Il faut laisser le temps à l'individu de s'adapter et d'affronter l'épreuve par ses propres moyens, guidé par la motivation inspirée par les grands bénéfices qui l'attendent au bout du chemin.

La souffrance n'est plus alors un fardeau mais a sa raison d'être car elle donne un prix à toute chose. Elle rends heureux car elle permet de mieux apprécier nos acquis.

Finalement, tout ceci nous pousse à agir de façon subtile et responsable lors d'un accompagnement, en canalisant la force intérieure de l'accompagné pour que s'exprime en lui tout son potentiel.

Lien vers la deuxième partie

16 thoughts on “La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite (1/2)

  1. Christian

    Merci pour le résumé, c’est très intéressant, j’ai hâte de lire la deuxième partie! L’intérêt de ces allégories est qu’elles rendent plus accessibles de principes théoriques plus abstraits… Par exemple, le bambou chinois (si j’ai bien compris) est une illustration du principe des délais d’interaction dans la théorie des systèmes (désolé, lien en anglais).

  2. Pingback: Couteau Suisse N°22 la série des trouvailles

  3. AKPLOGAN

    vos allégogiesz son intéressantes. j’aimerais en reçevoire d’vantage

  4. Alexandre Post author

    @Christian : j’avoue que la théorie des sytèmes était une des matières que je haïssais le plus. Avec des allégories ça aurait été plus facile à digérer!

    @AKPLOGAN : je viens de publier la deuxième partie de l’article ici.

  5. patrick

    Salut Alexandre! Tu ferais mieux d’aller faire du kite plutot que lire des bouquins débiles!

    Ben ouais, débiles. Le coup de la grenouille qui se laisse ébouillanter c’est une ânerie.
    Note bien que je n’ai jamais tenté l’expérience, mais certains l’ont fait : http://www.snopes.com/critters/wild/frogboil.asp

    Note que j’adore l’idée que la grenouille aurait dû se servir d’un thermomètre. C’est mignon comme tout.

    Je suis également très sceptique sur le papillon qui aurait besoin de faire de la musculation. Mais alors, très très sceptique.
    J’ai déjà vu des papillons sortir de leur cocon : ils se servent de leurs pattes, pas de leurs ailes. Leurs ailes sont à moitié molles et collées contre le corps, c’est seulement une fois libéré du cocon que le papillon les déploie, ca prend au moins une demi-heure. Avant ça je vois pas comment il pourrait muscler les muscles de ses ailes. Et d’autre part ca t’étonnes pas que les insectes, eux, voient les bénéfices d’une séance de musclu au bout de la première demi-heure, alors que pour les êtres humains ca commence par trois jours de courbatures?

    L’histoire du bambou est louche aussi. Et surtout la nature présente des exemples de stratégie inverse : des arbres qui se dépêchent de pousser très vite en hauteur, tout maigre, pour atteindre la lumiere rapidos, là s’étendre en largeur et grossir pour faire de l’ombre aux autres. Au temps pour les phases de préparation, l’important c’est d’aller plus vite que les autres.

    Bref, tu fais ce que tu veux, mais moi à ta place je ferais un procès à l’éditeur de ce bouquin.

  6. Alexandre Post author

    Bonjour Patrick,

    J’étais au courant que l’expérience de la grenouille n’a jamais pu être prouvée. Je n’ai pas non plus de certitude quand aux autres faits relatés dans ces allégories. Mais qu’importe, ce n’est pas leur véracité qui est importante mais bien les parallèles que nous pouvons en faire dans la vie courante.
    Ton commentaire juge la forme et non le fond de l’article. Tu aurais pu faire plus constructif comme critique.

  7. Pingback: Sardonicus : de la comparaison à la métaphore

  8. Nicolas | Credit en ligne

    Pour ceux qui aiment comme moi Olivier Clerc et ses nombreuses allégories (principe de la grenouille chauffée pour la plus célèbre) et veulent lire plus sur cet auteur,
    Allez sur http://www.olivierclerc.com

    Bonne « plongée » dans le monde d’Olivier Clerc.

    Nicolas

  9. Pingback: Il y a un an sur C’éclair! - février 2009

  10. Yoann Romano

    Bonjour à tous,

    Je viens apporter quelques pistes d’amélioration. Oliver Clerc parle d”Entraîner notre mémoire”. J’y rajoute le fait de tenir un journal. La mémoire a des limites.

    Ensuite il traite de l’importance d'”Avoir de bons points de repère”. D’où l’importance encore une fois d’avoir des outils de mesure (et encore une fois de tenir un journal).

    Pour en venir à l’aspect de préparation dans le secret pour ensuite grandir vite et fort au grand jour je considère que c’est un point très pertinent parce que le TIMING fait toute la différence. Se présenter au monde à ses tout débuts (donc avec un travail/projet encore très très imparfait) crée une mauvaise première impression – et tout le monde sait que nous n’avons qu’une seule occasion de faire une bonne première impression.

    Pour finir tu parles du Lateral thinking de Edward Bono, le recommandes-tu ? Qu’apportes t-il de différent que Libérez votre créativité de Julia Cameron ?

    Yoann

  11. Alexandre Post author

    @Yoann Romano : je vois que tu es un grand amateur de journal personnel. Eh bien figure toi que moi aussi. J’en tiens un depuis juillet 2008. Je ne suis pas toujours régulier mais j’essaie de l’alimenter à chaque fois qu’il m’arrive des choses importantes dans ma vie.

    Et à propos du livre Lateral thinking, en toute honnêteté je ne l’ai pas fini. J’avais un livre audio qui dure 5 heures et je n’ai pas eu le courage(et sans doute la motivation) d’arriver au bout ;). La majeure partie du livre forme une collection d’exercices pour affûter sa créativité, du genre découper des photos et imaginer l’ensemble de la photo en partant d’une photo incomplète, etc. Quant à “Libérez votre créativité”, je ne l’ai pas lu, ce serait intéressant de nous en faire une petite chronique sur ton blog!

  12. Yoann Romano

    @Alexandre

    Pour être tout à fait honnête je ne suis pas très chronique. Soit le livre est “moyen” voir “mauvais” auquel cas je conserve et retransmet les exercices qui m’ont le plus aidé, soit le livre vaut son pesant d’or et je préfère alors le conseiller directement !

    Yoann

  13. Vinodis

    Si seulement les humains pouvaient apprendre par cœur cette allégorie du cocon, le monde irait bien mieux !

  14. Pingback: Changer le cours de sa vie

  15. Florent F.

    GM : une victime de plus du syndrome de la grenouille ébouillantée… 😉

  16. Karim Mabrouki

    Concernant l’histoire de la grenouille, dans le Livre ” The Game” Neil Strauss en parle :

    Mystery et lui étaient dans la piscine en train de discuter et Neil Strauss ( Style) demanda à Mystery certains conseils pour séduire Lisa, qu’il considère comme LA femme qu’il n’arrive pas à avoir.

    Mystery lui proposa une parabole qui s’appel : ” La grenouille et le scorpion ”

    Voilà l’histoire ( du moins tel que je m’en souviens) :

    Un jour, près d’un fleuve, un scorpion cherchait une solution pour passer de l’autre coté du fleuve sans se noyer. Puis au bout de quelques minutes, il se rendit compte qu’il y’avait une grenouille tout près, et il décida d’aller la voir :

    – Bonjour, dit le scorpion à la grenouille, j’aimerais passer de l’autre coté du fleuve, mais je ne sais pas nager, pourrais-tu m’y emmener?
    La grenouille était sceptique, elle avait entendue dire que les scorpion étaient des dangereux prédateurs
    – Mais si je te prends sur mon dos, tu vas me tuer? répondit la grenouille
    – Mais non enfin, puisque si je te pique, je mourrais avec toi

    Au bout de quelques minutes de réflexion la grenouille laissa le scorpion monter sur elle et ils prirent la route à la nage pour passer de l’autre coté du rivage.
    Soudain le scorpion planta son aiguille dans le dos de la grenouille.
    – Pourquoi m’as-tu fais cela? Pleurniché la grenouille en s’enfonçant dans l’eau

    – Parce que c’est dans ma nature, répondit le scorpion qui s’enfonça lui aussi

    D’après la moral de l’histoire : Chassez le naturel et il reviendra au galop, et personne ne peux changer ( d’après Mystery)

    Amicalement

    Karim

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