Lors des précédents articles, nous avons beaucoup parlé de mémorisation, notamment en utilisant des cartes mémoire (ou flash cards en anglais). Pour rappel, ce sont à l’origine de simples fiches papier où l’on écrit une question sur une face et la réponse au dos.
Ces unités de connaissance peuvent désormais être mémorisées très facilement grâce à certains logiciels comme Anki et Mnémosyne. Les révisions de chaque fiches sont ainsi programmées selon certains intervalles de temps qui dépendent de la difficulté de la fiche. On appelle ce type de logiciels des “systèmes de mémorisation par répétitions espacées” (ou spaced repetition systems en anglais).
Jusque là, les connaissance que nous avons vu étaient assez simples à formuler. Ainsi lorsque nous avons vu la liste du code chiffres-sons et celle des mnémoniques pour mémoriser l’ordre d’un jeu de cartes à jouer, il s’agissait d’une simple correspondance d’un mot avec un autre. Mais comment faire lorsqu’on doit mémoriser des choses plus complexe, par exemple apprendre par coeur une poésie?
Pour cela, il sera nécessaire de reformuler les connaissances pour qu’on puisse les apprendre au format “carte mémoire”. Et voici 20 conseils qui nous aiderons à y parvenir…
- Ne pas apprendre avant d’avoir bien compris : les étudiants apprennent souvent par coeur des choses qu’ils ne comprennent pas en raison des examens qui approchent. Pourtant, on apprends beaucoup plus facilement et pour plus longtemps les choses qu’on a bien comprises. Par exemple pour des dates, se renseigner sur l’événement et la période qui y sont associés. Pour un mot de vocabulaire : étudier la racine du mot et son étymologie.
- Construire d’abord une image globale du matériel à apprendre : avant d’apprendre chaque partie du sujet à apprendre, il est bon de savoir comment chaque pièce individuelle s’imbrique pour former une structure globale. Par exemple il est bon d’apprendre comment un moteur fonctionne de façon globale avant de mémoriser le nom de chaque pièce qui le constituent.
- Partir d’un schéma simplifié : pas la peine d’étudier le fonctionnement d’un moteur sophistiqué d’une ferrari pour apprendre les rudiments de la mécanique. Au départ, il est bon d’avoir un modèle simple des choses. Celui-ci servira de fondation pour arriver au plus complexe.
- S’en tenir à des questions simples : si on doit retenir un paragraphe entier, il est préférable de le découper en plusieurs fiches qui interrogent sur chaque élément clé au lieu de créer une grosse fiche pour tout mémoriser.
- Utiliser la suppression sélective : on peut créer des questions avec des trous à remplir. Par exemple : "Bill … (nom) fût le 42e président des Etats Unis”.
- Utiliser des images : la mémoire visuelle est la plus développée chez les humains, mieux vaut donc utiliser un maximum d’illustrations pour apprendre.
- Utiliser des techniques mnémoniques : il existe des méthodes qui permettent de mémoriser plus efficacement certains types de connaissance. Reportez-vous par exemple à l’article sur le code chiffres-sons pour mieux retenir les nombres.
- Suppression sélective dans une image : créer une question avec une illustration où seul un élément est manquant est très efficace pour les matières très visuelles comme l’anatomie ou la géographie.
- Eviter les collections d’objets : en général il est difficile de mémoriser une collection d’objets d’un seul coup. C’est même assez décourageant d’être confronté à une telle somme de connaissance. Il faudra donc casser tout cela en morceaux. Par exemple si on veut savoir quels pays sont dans l’Union Européenne, mieux vaut créer plusieurs fiches qui indiquent à quelle date chaque pays est rentré dans l’union.
- Eviter les énumérations : une énumération est une collection ordonnée. C’est donc également une connaissance difficile à apprendre d’un seul coup. Pour la décomposer, il est bon de créer des fiches à trous où figurent l’élément précédent et l’élément suivant. Par exemple si je veux mémoriser l’alphabet, je ne vais pas écrire une fiche abcdefghijklmnopqrstuvwxyz, mais plutôt séparer tout cela en groupe de trois lettres, ce qui donnerait des fiches du genre : a…e, puis b…f, etc.
- Combattre les interférences : à mesure qu’on apprends, il peut parfois se créer des interférences dans les connaissances apprises. Par exemple on peut confondre la Guyane française avec le Guyana (Guyane britannique) et le Suriname (Guyane néerlandaise). Si le problème est récurrent, il faudra rapidement trouver une solution, autrement plus le temps passe et plus la mauvaise habitude s’imprime dans le cerveau.
- Optimiser la formulation des connaissances : il est important d’être simple et concis dans la formulation des connaissances. Par exemple pour mémoriser le mot “perspicace”, une définition classique pourrait être : “Doué d’un esprit pénétrant et capable d’apercevoir ce qui échappe à la plupart des gens”. Or on peut simplifier tout cela par : “Doué d’un esprit pénétrant et clairvoyant”.
- Faire référence à d’autres choses déjà mémorisées : on peut s’aider de ce qui a déjà été mémorisé. Par exemple pour mémoriser le mot “sagacité”, je peux me servir du mot “perspicacité” en posant la question : “Quel est le synonyme de perspicacité? (avec la notion d’odorat)”. Ainsi il faut savoir ce que “perspicacité” veut dire avant de pouvoir apprendre le mot “sagacité”. Cette question fait donc réviser la définition d’un mot déjà mémorisé.
- Personnaliser et fournir des exemples : il peut être bon de s’aider de choses concrètes et personnelles qu’on connait déjà. Ainsi, pour apprendre le mot “buffet”, on peut par exemple demander : “meuble bas dans lequel on range habituellement la vaisselle et les verres (comme celui de tante Georgette)”. L’allusion entre parenthèse aidera beaucoup à savoir ce qu’est un buffet par rapport à la définition brute.
- Utiliser les émotions : en créant des émotions grâce à l’humour par exemple, on mémorise plus facilement certaines réponses.
Par exemple, pour faire deviner une citation de Winston Churchill, on peut rappeler que Churchill était comparé à un bulldog :
Qui a dit : «Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais, c’est peut-être la fin du commencement.»? (le bulldog anglais) - Utiliser des labels pour simplifier les questions : au lieu de poser une longue question comme : “Quelle est la formule d’Euler en mathématique?”, on peut abréger par : “math : formule d’Euler”
- Redondance : la redondance est parfois utile pour mémoriser, et cela ne contredit pas le principe de simplification.
Voici quelques exemples : - pour un mot de vocabulaire étranger : créer deux cartes mémoire vice-versa pour pouvoir réviser dans le sens “langue maternelle/langue étrangère” ainsi que dans le sens “langue étrangère/langue maternelle”
- pour une formule mathématique : se souvenir du raisonnement qui a été utilisé pour trouver cette formule mathématique
- pour un mot de vocabulaire : utiliser plusieurs synonymes
- Fournir des sources : il est parfois bon de citer des sources pour certaines données, par exemple si on veut mémoriser le nombre de manifestants en mai 68, le nombre est très différent selon la préfecture et selon les organisateurs 😉
- Indiquer la date de validité : certaines données sont sensibles à une date. Par exemple la question : “Combien compte de personnes la population française?” doit contenir une date précise pour avoir un sens.
- Prioriser : comme on ne peut pas tout mémoriser, il faut prioriser pour s’assurer qu’on apprends les connaissances les plus utiles pour les objectifs qu’on s’est fixé. Prioriser inclue le fait de choisir des sources d’apprentissage efficaces, par exemple prioriser les livres par rapport à la télévision. Et aussi le fait d’extraire les informations qui ont le plus de valeur parmi le flot d’informations auquel on est confrontées chaque jour.
Tous ces conseils sont inspirés d’un guide en anglais pour le logiciel commercial SuperMemo, qui est un des plus anciens logiciels de mémorisation par répétitions espacées.
Si vous avez des idées complémentaires, n’hésitez pas à les partager avec nous dans les commentaires!
C’est une liste intéressante !
Je n’ai jamais encore utilisé de flash-card mais je pense que la démarche en elle-même est efficace et produit des résultats.
J’aurais ajouté le fait de présenter et d’expliquer ce que l’on apprends à quelqu’un. C’est l’un des moyens qui marchent le mieux pour moi.
Un bon article mais je n’ai pas encore les compétences pour faire moi même ma propre carte !
Bonne fin de journée, Gael
@Michael : si tu veux t’y mettre, je te conseille plutôt le logiciel Anki. En fait, le plus dur, c’est pas de s’y mettre mais plutôt de se discipliner pour réviser régulièrement. Pour ma part, j’ai toujours envie d’apprendre de nouvelles choses, alors que réviser, ça donne l’impression de ne pas avancer. Et pourtant c’est crucial!
Ta remarque sur le fait d’expliquer à quelqu’un est pertinente je crois surtout pour la phase de compréhension. Après quand on a les idées claires, on n’est pas forcé de décrire la carte comme on l’enseignerait à quelqu’un, par exemple moi dans mes cartes j’y associe souvent des choses personnelles qui ne parleraient pas du tout à d’autres personnes que moi 😀
@Symptome : merci pour le commentaire. Si tu essayes, tu verras que ce n’est pas du tout sorcier d’utiliser ce genre de logiciel!
Merci du conseil, je vais m’y coller. J’ai un sujet sur lequel je voudrais justement mémoriser les choses. Je te comprends sur le fait de vouloir découvrir sans cesse de nouvelles choses… J’ai le même travers.
Est-il possible de switcher question/réponse, pour avoir le vocabulaire une fois dans une sens, puis dans l’autre ? Si oui, quelle est la démarche à effectuer ?
Salut. J’trouve ton article pratique et instructif. Je vais suivre tes conseils pour optimiser mes révisions de voc ^^.
En parlant de ca j’en profite pour dire que l’on peut créer ses flash cards gratuitement et très facilement pour être imprimées récto-verso directement avec les bons mot sur les 2 face à cette adresse : http://cards.ansermot.ch/.
Je l’ai fait et l’utilise moi-même et si ca peut être utile à d’autre.
Bye
Cher monsieur,
Je suis Negar et je suis etudiante de maitrise de la langue francaise. mon memoire s’agit de Influence des flash-karts sur l’enseignement d’une langue etrangere. Pouvez-vous m’aider s’il vous plait?
Je vous remercie de l’avance, monsieur, acceptez mes salutations distinguees.
Negar