Cette question manquée qui pourrait vous coûter cher (1/2)

By | 21 juin 2012

Poser votre question à un spécialiste

Etes-vous toujours à l’aise pour poser des questions ? Vous avez sans doute déjà vécu ce genre de scène embarrassante :

Par exemple on vous explique comment marche un simple "giro-nodule". Rien de sorcier d’après le spécialiste : "Ca fonctionne avec des nanospiroles !".

Bon vous n’êtes pas très calé en giro-nodules, et vous avez du mal à comprendre. Cependant vous n’osez pas couper la parole à votre interlocuteur. Alors vous le laissez parler…

Mais intérieurement, une question vous ronge l’esprit : "C’est quoi un giro-nodule ? Ok j’ai bien compris que ça fonctionne avec des nanospiroles. Mais ça ressemble à quoi ? Et à quoi ça sert concrètement ?"

Pourtant vous laissez le spécialiste se perdre en explications, et vous faites semblant de comprendre, le cerveau éteint, priant pour qu’il ne vous pose pas une colle.

Soudain, le verdict tombe : 200 Euros ! Vous vous empressez de lui confier vos billets. Ouf ! Rien n’a filtré, l’honneur est sauf, il s’en est fallut de peu. Et vous espérez secrètement ne plus jamais avoir affaire à ce fichu giro-nodule défectueux.

Le spécialiste repart, tout sourire aux lèvres, et vous lâche un innocent : "Si vous avez le moindre soucis, n’hésitez pas !"

Les mains dans le cambouis

Ca vous fait rire ? Réfléchissez un peu : combien d’entre vous savent réellement ce qu’est un joint de culasse ? Une carte mère ? Une variable PHP ?

Ca n’a l’air de rien comme ça, mais si vous preniez la peine de découvrir comment fonctionne votre voiture, votre ordinateur, ou votre blog, vous pourriez vous éviter bien des tracas, et surtout de payer le prix fort lorsque vous avez besoin d’aide.

Vous allez me dire : "On ne peut pas tout connaître". Effectivement, mais cela n’empêche pas de découvrir les rudiments d’un domaine par une question bien choisie.

Alors si une simple question vous ouvrait la voie de la connaissance, pourquoi ne la posez-vous pas ?

Est-ce aussi pénible de mettre les mains dans le cambouis de temps en temps ? Je vous rappelle que l’enjeu est de gagner en indépendance. Ne me dites pas que cela ne séduit pas une personne dynamique et ambitieuse comme vous ?

Les années lycée

Justement c’est peut-être là que ça cloche. Souvenez-vous de vos années lycées. Il y avait toujours le pitre de service pour poser des questions. Et il finissait immanquablement par se faire tourner en ridicule.

Vous en comparaison, vous étiez plus posé. Vous vous disiez : "Y’a pas le feu au lac. Même si je n’y comprends rien pour l’instant, je comprendrai bien avec la suite du cours et les exercices."

Pour vous, c’est sûr que la couronne ne risquait pas de tomber de votre tête : vous attendiez sagement que ça se passe, que les autres osent à votre place, ou de relire le cours à tête reposée le soir.

Et peu à peu, vous preniez l’habitude d’écouter d’une oreille distraite tandis que vous observiez les aiguilles de l’horloge, curieusement peu disposées elles aussi à se mettre au boulot.

Procrastination, quand tu nous tiens

Cependant tout n’est pas toujours aussi simple. Quand on ne réfléchi pas pendant le cours, quand on se dit sans cesse que tout ira mieux le lendemain, on cède peu à peu du terrain.

Au début, c’est toujours un peu subtile : vous hésitez à lever le doigt, vous décidez d’ignorer un mot compliqué car le professeur semble tellement persuadé que vous le connaissez déjà.

Mais en vérité, plus vous attendez pour poser les bonnes questions, et plus vous avez peur de poser une question que vous êtes sensé savoir depuis le début du cours.

Ce manque de promptitude est un sérieux handicap pour retenir les leçons. Car les choses ne vous semblent pas logiques. Les différents concepts expliqués par le prof ne s’imbriquent pas les uns dans les autres, ils ne se glissent pas naturellement dans chacune des cases de votre cerveau.

Tout cela ressemble à un ramassis de concepts abstraits à peine bons à satisfaire la frénésie intellectuelle du professeur.

Vous voulez un exemple concret ? 😉

Je vais lâcher un mot qui pour certains risque de réveiller de vieux démons : fonction dérivée.

Je me rappelle, lorsque j’ai appris cela, nous étions tous perplexes : "A quoi ça sert ce truc ?". Mais après tout on était tellement habitués aux théorèmes qui ne servent à rien en math que ça nous étonnait à peine.

Heureusement, il y a avait les exercices : toujours les mêmes. Une fonction dont on devait calculer la dérivée. Il suffisait de mémoriser les exercices types, et hop comme par magie on avait la moyenne ! Pourtant on n’avait toujours rien compris à la finalité d’une dérivée.

Bien sûr, il y avait les exercices avancés, ceux où il fallait appliquer les dérivées dans des situations encore jamais vues, mais ça c’était un truc d’intellos. Et voilà pourquoi les notes avaient du mal à décoller.

Cela ne serait pas arrivé si l’on n’avait pas attendu les exams pour se demander ce qu’est réellement une dérivée et à quoi ça sert.

Allez, nous arrêtons là pour aujourd’hui, et pour la semaine prochaine, je vous propose un petit devoir : d’après vous, quelles implications pourrait avoir ce comportement innocent hérité de l’école dans votre travail de tous les jours ?

Voici le lien vers la deuxième partie de cet article.

Crédit photo : Cyril Comtat – Fotolia.com

Author: Alexandre Philippe

Alexandre Philippe est le fondateur du blog C'éclair. Constamment en quête de nouvelles méthodes d'organisation, de motivation et d'apprentissage, il délivre ses éclairs d'efficacité chaque semaine sur ce blog.

19 thoughts on “Cette question manquée qui pourrait vous coûter cher (1/2)

  1. Guillaume de komment devenir riche

    Très bon article 🙂

    2 choses :

    Personnellement comme tu le dis, effectivement on ne peut pas tout connaitre et c’est vrai, il n’est pas possible pour un même homme de maitriser le charabia (quand on n’est pas du milieu…) du monde de l’internet, de la mécanique, du droit, de la médecine…

    Donc moi j’utilise la phrase : l’important ce n’est pas ce que tu connais mais qui tu connais… pour m’entourer de personnes de confiance dans les différents domaines où je ne suis pas spécialiste.

    Pour ta question finale :ce que tu décris à l’école est malheureusement présent dans beaucoup de boite et une foule de gens font le travail sans chercher à comprendre plus loin que le bout de leur nez…

    Pour moi c’est des robots qui font la même chose toute leur vie et qui ne cherche pas à progresser !!

    C’est sans doute pour ca que je n’ai jamais supporté le monde du salariat… faire ce qu’on te demande de faire sans réfléchir et sans broncher…

    Bien sur ce n’est pas dans toutes les boites comme ca mais je préfère de loin bosser pour moi…

  2. Chandet

    Oh la malheureuse qui se dit qu’elle est nulle car elle ne sait même pas ce qu’est une dérivée!!! Mais au moins j’ai posé ma question tout de suite sans honte et sans crainte. Un grand pas…

  3. Nganso

    Tous presque avons connu cette situation ou on a honte poser la question au risque de passer pour quelquun de peu intelligent.Bon article qui evoque bien nos manquements au quotidien,bien ecrit.

  4. Alexandre Post author

    @Guillaume : c’est vrai qu’avoir des amis ou de la famille bien placée ça aide. Merci pour ta réflexion sur le monde du travail 🙂

    @Chandet : toutes mes félicitations !

    @Nganso : merci Nganso

  5. Christian de toujours positif

    Bonjour Argencel,

    A la lecture de cet article je me suis dis : Christian, tu veux te lancer sur internet, tu as commencer un blog pour partager tes connaissances, mais si il y a un “bug” tu connais quoi en informatique ? Ma réponse est : pas grand chose… Alors merci de m’avoir ouvert les yeux et je suis persuadé que je dois connaitre au moins les bases d’un blog, d’internet etc. le Php/ mysql, le HTML, le CSS enfin tout ce qui me parait compliqué. Je sais qu’il faut mettre les mains dans le cambouis. je vais donc chercher les informations adéquates.
    Merci de m’avoir réveiller!
    Amicalement
    Christian

  6. Gilles

    Merci de cet article très pertinent et mobilisateur. Mon expérience est simple : je cuisine dans mon restaurant pour 15 à 20 personnes, et de temps en temps à l’extérieur pour environ 100 personnes. Pour franchir le cap, j’ai du surmonter presque toutes mes timidités, appréhender des contraintes et des risques inconnus. Et m’intéresser à une bonne dizaine de techniques d’autres métiers pour relever ce défi (dont la lecture régulière de cet excellent blog). Sans oublier le temps d’analyse que les militaires appellent REX.

    Pour moi, quand j’étais à l’école hôtelière, la panique complète était les langues vivantes. Capitulation de jeunesse presque irrattrapable. Merci de nous aider à surmonter ces défaillances.

    Bien cordialement,

    Gilles

  7. Haissam Deguise

    Bonjour,
    Concernant l’histoire du specialiste(Le garagiste): Il me semble ici que notre jeune homme(Le client) a hesité de mettre directement (en pratique) ce qui se cloche dans sa tete. Il a (procastiné) a demander (aide et informations) possibles… Il a tombe dans la confusion…
    Ici-la, Il faut toujours demander (aide et éclaircissements nécessaires) pour ne pas se tomber dans l’ennui.
    Merci!

  8. Jean-Pierre Schnyder

    Tout d’abord une information pour Christian: je vous conseille le site du Zéro (www.siteduzero.com). Vous y trouvez de très bons ocurs sur PHP, MySql, Css, etc, avec une approche très pédagogique et progressive, dans un style familier et bienveillant qui vous met à l’aise.

    Et maintenant, pour rebondir sur l’excellent article d’Alexandre. En ce qui me concerne, je pratique depuis très longtemps le questionnement dans mes échanges avec autrui: je laisse passer très peu de mots ou de concepts que je ne comprends pas. Comme par ailleurs je suis réticent à couper la parole, je mets mes questions en attente, un peu comme on empile des assiettes. Plus tard, je dépille (ou désempille si vous préférez). Accessoirement, cela montre à quel point je m’intéresse à ce que me dit la personne qui a la gentillesse de partager ses connaissances. Et entre nous, c’est celui qui écoute et qui pose les questions qui s’enrichit !

    Dans le même ordre d’idée, lorsque je tombe sur un mot dont j’ignore le sens, je le note en vue de chercher sa définition sur le Net (wiktionary par ex). Ensuite, je fais un copier/coller de la définition dans quizlet.com. Lorsque j’aurai un smartphone (IPhone ou Androïd), je pourrai réviser mon vocabulaire sur mon portable en buvant mon petit noir du matin. Posséder un mot, c’est détenir le concept qu’il désigne. Avec 3 mots nouveaux par semaine, ou 3 réponses à des questions que vous n’osiez pas poser, vous changez votre vie !

    Amitié,
    Jean-Pierre

  9. Julien

    Salut Alexandre,

    C’est marrant, cela me fait penser à une petite phrase que j’entendais souvent étant enfant : “la curiosité est un vilain défaut”. J’aurais plutôt tendance à dire que c’est une grande qualité. L’envie d’apprendre est ce qui nous fait évoluer, et dans le cas présent : économiser 😉

  10. Jacques (secret-beaute-interieure)

    Bonjour,
    Pas de fausse honte : je n’hésite jamais à poser des question quand je ne comprends pas certains termes.
    Ma réputation ?? A mon âge (73), elle est quand même déjà faite et le gris de ma barbe me protège un peu contre les moqueries éventuelles.
    Je me souviens d’un vendeur qui voulait me vendre un système de backup à distance : le problème était un langage plein de termes techniques et surtout sa demande de signer le contrat d’abonnement avant d’en connaître le prix.
    Il a pris illico le chemin de la sortie !!
    Comme quoi, il faut être attentif !
    A bientôt Jacques (Bruxelles)

  11. Olivier

    Tiens c’est marrant parce que je suis un ancien très … timide, et poser une question en classe était un calvaire pour moi.Mais je pensais être le seul !

    Apparemment non.

    Je partage cette expérience, ne pas poser de question, c’est préférer ramer tout seul par la suite (là mes souvenirs de lycées remontent !), et c’est juste un peu … osons le mot : lâche.

    Un jour j’ai pris une décision (mais c’était déjà bien après la fin du lycée) : toujours poser au moins une question devant tout le monde dès que je participe à une réunion quelconque, séminaire ou autre rassemblement.

    Un vrai défi, parfois même encore aujourd’hui. Mais cette question, une fois posée, s’accompagne du bien être d’être sûr de bien comprendre ce qui se dit et d’avoir gagné du terrain sur moi-même, encore un peu plus.

    Il paraît que poser des questions fait véritablement partie de ce qu’on appelle “l’écoute active”.

    Ben honnêtement moi il m’arrive encore de faire le lâche …

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  13. Alexandre

    Merci pour vos commentaires !

    @Christian : pas d’quoi. Désolé de te tirer de ton bain de soleil 😉

    @Gilles : merci pour ton témoignage, et pour la mention de REX. Je ne connaissais pas. Ca rejoint un peu l’exercice des leçons du jour dont je parle dans la deuxième partie de l’article.

    @Haissam : c’est bien ça

    @Jean-Pierre Schnyder : merci pour la mention du site du zéro, et de quizlet, que je ne connaissais pas

    @Youree : merci !

    @Julien : c’est bien vrai. Dans la deuxième partie de l’article, j’ai mis d’ailleurs quelques citations pour contrer ce genre de phrase assassine.

    @Jacques : c’est vrai qu’il y a des vendeurs sans scrupule qui profitent de la crédulité de certains retraités.

    @Olivier : effectivement c’est une bonne thérapie contre la timidité de se motiver à poser des questions en réunion par exemple. Le mot lâche est fort, mais il complète bien la notion de courage qu’il faut pour poser des questions 🙂

  14. samuel

    Salut Alexandre,

    je suis d’avis comme toi, qu’il est utile et même très utile d’avoir des notions en tout.
    Mais cependant, l’on ne peut être spécialiste que dans un domaine bien précis et pour les autres domaines, il faut savoir s’entourer.

    Samuel

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  17. Smile

    Il n’y a rien de plus grave qu’avoir l’illusion que l’on sait: il vaut mieux se referer à un spécialiste plutot que croire que l’on peut tout comprendre soi meme: je vois tous les jours des gens qui prennent des décisions totalement absurdes pour leur santé en pensant mieux savoir et mieux comprendre que leur médecin… et c’est sans doute pareil dans de nombreux domaines: il n’y a aucune honte à poser des questions, mais comprendre une partie d’une discipline peut conduire à faire des grosses erreurs par manque de recul et de vision globale… Mais bon, encore faut-il s’être frotté à des disciplines exigentes pour s’en rendre compte: rien de pire que ceux qui pensent que parcequ’ils comprennent un millième d’un domaine, ils ont un avis éclairé sur une question touchant à ce domaine…

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