Cet article est ma contribution au festival A la Croisée des Blogs du mois d’Avril 2010, dont le thème s’intitule : 7 jours pour … et organisé par Fred du blog Alteriche.
Cet été, j’ai prévu 7 jours de randonnée à la découverte de la nature dans le Massif Central. Je ne me suis pas encore arrêté sur la destination exacte mais si certains d’entre vous avez des idées lumineuses je suis preneur. Et vous justement? Qu’avez-vous prévu? J’espère que vous n’allez pas tout simplement vous déplacer de la ruche où vous vivez vers une autre ruche, comme par exemple vous empiler les uns sur les autres sur les plages de la côte d’Azur?
D’un côté je vous comprends : nous sommes des animaux sociaux après tout. Nous avons tous besoin d’amour et de nous occuper l’esprit pour ne pas penser à la mort qui nous guette. Je caricature un peu mais n’est-ce pas les deux idées qui obsèdent le plus l’homme, à savoir la reproduction et la survie?
En tant qu’homme, nous avons pourtant beaucoup progressé : en quelques siècles, nous avons atteint un niveau technologique sans précédent. Nous avons conquis les points les plus reculés de la planète et domestiqué notre milieu au point que notre survie n’est plus menacée que par quelques accidents ou maladies opportunistes. Ces dernières décennies, nous avons même franchi un cap : de nombreuses sociétés de l’information ont désormais plus de valeur que des sociétés basées sur des équipements et des produits manufacturés. On entre peu à peu dans un monde de l’information où chacun de nous est connecté en permanence aux autres. A tel point que certains d’entre nous sont désormais désorientés lorsqu’ils n’ont plus accès à une connexion internet et je dois dire que j’en fais peut-être déjà partie. Ne parlons pas de l’époque où les téléphones portables n’existaient pas : une ère qui paraît maintenant lointaine et archaïque.
Certes nous sommes mieux connectés, plus proches les uns des autres, mais qu’en est-il de nos rapport avec la nature? Ne sommes-nous pas de plus en plus déconnectés de notre mère nourricière? D’accord, les partis écolo gagnent du terrain. Mais réfléchissez et dites-moi quand vous avez été pour la dernière fois réellement à l’écoute de la nature?
Vous l’aurez compris, je ne parle pas de nos petites incursions au parc pour aller promener le chien. Mais plutôt de cette émotion authentique que nous ressentons lors d’un contact prolongé avec la nature. Cette impression d’humilité qui s’empare de nous lorsqu’on découvre des lieux emplis de vie tels qu’une forêt verdoyante, ou le foisonnement des poissons tropicaux sur une barrière de corail.
Personnellement j’ai une réelle passion pour les forêts primaires. Ces lieux magiques ont toujours éveillé mon imagination et j’admire les hommes qui arrivent à y survivre. Nous avons tous vus des films tels que Mission, La forêt d’Emeraude, Medicine Man, Gorilles dans la brume. Cela fait penser à des paradis perdu. J’ai personnellement eu l’occasion d’aller en Guyane il y a quelques années et ce fût un réel plaisir de vivre en compagnie des amérindiens Wayana dans un petit village appelé Antécume-Pata. Rien que de se baigner le matin dans le lit de la rivière entouré du cadre grandiose de la forêt équatoriale m’enchantait. Je n’en ferai pas un endroit idyllique pour autant étant donnés, entre autres, les problèmes d’orpaillage sauvage propres à la région. Mais ce fût une expérience inoubliable pour moi.
Découvrir ce mode de vie proche de la nature et basé sur des plaisirs simples nous renvoie automatiquement aux dérives de notre société d’hommes "civilisés". Pour ne citer qu’un exemple : prenons nos sens. J’ai l’impression qu’ils s’émoussent de plus en plus. Et pourtant nous n’avons de cesse d’essayer de les raviver de manière illusoire en les stimulant à l’excès. Jugez plutôt :
- La vue : quel plaisir d’en prendre plein les yeux quand on part au cinéma, quand on joue aux jeux vidéos, ou rien qu’en visionnant des vidéos sur YouTube! Mais cette surenchère a un gros défaut : drogués par le plaisir de voir des choses sensationnelles, nous ne sommes plus émerveillés par le monde qui nous entoure. Et notre sens de l’observation en fait les frais. Reprenons plutôt le goût d’observer les nuages et les étoiles dans le ciel, les collines qui parlent aux montagnes, ou bien tout simplement ces fourmis qui s’acharnent à lutter pour leur vie parmi les feuilles mortes d’un grand arbre.
- L’odorat : n’est-ce pas pathétique de subir l’odeur nauséabonde des pots d’échappement, de la fumée des cigarettes ou même de ceux qui s’aspergent copieusement de parfums. Prenons une pause, le temps de respirer des effluves naturelles : savourons l’air pur des montagnes, l’odeur humide de la pluie ou le doux parfum de l’humus d’une forêt.
- Le goût : de nos jours, nos papilles gustatives sont mises à rudes épreuves : plats cuisinés trop salés, hamburgers aux mille sauces, glaces à l’arôme artificiel. Pourtant, la finesse du goût des fruits et légumes restera toujours la référence. Pensez simplement au goût musqué d’une asperge, à un caviar crémeux d’aubergine, à un fondant de poivrons. N’avez-vous pas l’eau à la bouche à présent?
- L’ouïe : Ah le bruit des voitures, la musique à fond en boite, les écouteurs vissés sur la tête, le téléphone portable qui sonne, la télévision allumée toute la soirée : nul doute que notre monde moderne donnerait le tournis à ceux qui sont encore sensibles aux bruits furtifs de la forêt. Et si nous dégustions nous aussi le craquement des feuilles mortes sous nos pieds, le gazouillis des oiseaux ou le bruit lointain d’une rivière?
En ce qui concerne le toucher, je crois malheureusement que c’est un sens de plus en plus négligé. Si l’on y réfléchi bien, nous touchons de moins en moins de matières nobles au profit de matières synthétiques et inertes. Ca fait peut-être partie de notre mutation en hommes modernes après tout : notre transformation en créatures mi hommes-mi robots. On devient plus froids, on manque de chaleur humaine derrière nos ordinateurs. On est seuls au milieu de cette fourmilière : c’est l’Ultra-Moderne solitude comme dirait Alain Souchon.
Si seulement les hommes pouvaient accéder au plus profond de l’âme de tous les autres êtres vivants à travers un cordon ombilical universel comme dans le film Avatar. Nous comprendrions certainement mieux les besoins de notre planète. Nous serions certainement moins nombreux à renier le réchauffement climatique et les pollutions que l’on engendre.
Bien sûr, l’histoire de l’homme ne sera probablement qu’un bref épisode de la vie sur Terre. Après tout, dans toutes les civilisations, nous avons à chaque fois réussi à détruire ce que nous avions bâti, et la nature n’a pas tardé à reprendre ses droits. Mais souhaitons que ce temps-là soit repoussé au maximum. Souhaitons de tout coeur que nos enfants connaissent les bienfaits de nouvelles technologies propres et d’une prise de conscience accrue à tous les échelons de la population. Pour que cela arrive, qu’aurions-nous de mieux à faire que d’investir dès maintenant une semaine pour partir, petits et grands, à la rencontre de la nature?
Crédit Photo : spone
Bravo pour ton article, on sent bien les deux pôles : la passion pour les technologies et l’amour de la nature. Pas toujours facile de concilier les deux.
La nature, la vraie (pas la nature aménagée des parcs), moi je ne la vois plus que quelques semaines voire quelques jours par an.
Il y a des randos agreables partout dans le massif central. Par exemple sur le chemin de Stevenson (GR70) du Puy en Velay vers Ales ou alors autour des Gorges de la Jonte et du Tarn
avec les vautours comme compagnon 😉
Excellent article, c’est vrai qu’on est parfois tellement pris dans le cycle du quotidien qu’il nous arrive de passer des journées en voyant mais en observant jamais rien.
Vivant pour ma part en Oman, il m’est tres facile de m’echapper du quotidien, il suffit de rouler 30 minutes pour se retrouver en plein desert et la bonjour le spectacle. Le silence du desert c’est quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs, la premiere fois…on en a mal aux oreilles, on entend ce bourdonnement durant plusieurs minutes. Maintenant est-ce que j’en profite souvent ? malheureusement non 🙂
Merci encore pour ces emotions.
Mohamed Semeunacte
@Carozen : je crois que tu as très bien saisi le message de l’article. Mais j’espère qu’un jour on saura concilier les deux.
@slamp : merci pour ta suggestion, je vais tâcher d’en tenir compte 😉
@Mohamed : ah le charme du désert. Ca doit être une expérience mémorable, peut-être même effrayante lorsqu’on a l’habitude d’avoir beaucoup d’activité autour de nous, on se demande comment on ferait s’il nous arrivait quelquechose dans cette immensité. Profites-en bien!
C’est toujours possible de conjuguer les deux, mon retour d’expérience ici -> http://www.tribords.com/?blogueurs-campagne Là par exemple je fais un peu de veille sur mes blogs favoris et je viens tout juste d’enlever mes bottes ! Nous avons tous super besoin de nature !
@Simon : merci d’avoir partagé avec nous ce témoignage. Ton article donne envie 😉
C’est vrai que le massif central est une mine d’or pour les randonneurs. Je me souviens d’une randonnée entre Vic-sur-Cère et le Lioran en plein mois d’Aout : pas un chat !
Quelques idées sur :
http://www.massifcantalien.com/randonnee-pedestre.html
Tiens-nous au courant de ton choix,
bonne mise au vert